Dossiers > Logistique > La digitalisation au cœur de la performance des entrepôts > Entretien Akanea



Dossier sur la digitalisation des entrepôts

INTERVIEW

‘‘ Intégrer les bonnes technologies dans ses process ’’
H. KERJEAN, AKANEA DEVELOPPEMENT


Hélène KERJEAN, Responsable marketing Supply Chain d'AKANEA DEVELOPPEMENTInterview d’Hélène KERJEAN, Responsable marketing Supply Chain d'AKANEA DEVELOPPEMENT.
Réalisée le 18/02/2020 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « La digitalisation au cœur de la performance des entrepôts ».


Quelle définition pourriez-vous donner de la digitalisation ?

La digitalisation consiste à mettre à disposition la bonne information au bon moment au bon endroit.

  Autres contributions

LIVRE BLANC | SSI SCHÄFER
‘‘ L'Intelligence Artificielle dans la logistique : état des lieux et perspectives ’’

JP. GAUTIER | ACSEP
‘‘ Une entreprise ne peut pas se digitaliser toute seule ’’

I. ROCHER | AUTOSTORE
‘‘ Renforcer l’agilité de l’entreprise dans un contexte omnicanal ’’

F. BIESBROUCK | BK SYSTÈMES
‘‘ Pouvoir intégrer facilement les nouvelles technologies au fur et à mesure de leur apparition  ’’

A. KHOBIZA | SAVOYE
‘‘ Avec la digitalisation, les entreprises ne fonctionnent plus en silos  ’’

P. HENRION | BOA CONCEPT
‘‘ Les outils et technologies actuels permettent une logique itérative de « petites victoires consécutives » ’’

E. DESSUPOIU | GEFCO
‘‘L’invention du « digital twin » est une formidable avancée ’’

L’enjeu est de taille dans la mesure où les entreprises disposent de plus en plus de données sur leur propre activité, mais également d’informations provenant de leurs partenaires situés en amont et en aval de la chaîne. Il s’agit donc de s’assurer de récupérer les bonnes informations, de les restituer de manière pertinente et de bien les exploiter.

La digitalisation repose ainsi selon moi sur 5 grands piliers :

  1. L'intermédiation. L’aspect collaboratif avec l’écosystème est primordial. L’objectif est de pouvoir anticiper la planification de ses opérations pour optimiser sa performance. Je pense en particulier à la planification de la préparation des commandes.

  2. La réconciliation des flux physiques et d'information. Il s’agit d’informer en temps réel les opérateurs qui sont au contact physique de la marchandise.

  3. La traçabilité. Il est de plus en plus demandé à la supply chain de fournir une visibilité de bout en bout du traitement des commandes. Cette demande est particulièrement forte pour les produits réglementés ou soumis à un suivi des numéros de lots.

  4. La mobilité. Si l’utilisation de terminaux dans les entrepôts s’est développée dès le début des années 2000, la montée en puissance d’Android a permis de favoriser l’accélération de cette mobilité depuis quelques années.

  5. La dématérialisation. Les liens entre les différents systèmes d’informations permettent de fortement réduire l’usage du papier. La dématérialisation des documents est bénéfique en termes de productivité et de qualité (réduction du nombre d’erreurs, facilité d’archivage, etc.).



Comment le marché français des WMS a-t-il évolué ces dernières années ?

Les taux d’équipement sont aujourd’hui très élevés puisque près de 8 entrepôts sur 10 disposent d’un WMS.

Le marché est en fait plutôt entré dans une phase de renouvellement.

Les entreprises souhaitent aujourd’hui aller au-delà de l’utilisation de fonctions basiques. Elles veulent des solutions en mesure de leur faire réellement bénéficier des potentiels de la digitalisation, à travers les échanges avec les objets connectés et les systèmes de robotisation et d’automatisation. La demande est en particulier forte pour des solutions de type SaaS ne nécessitant pas un hébergement local.

Cette tendance de montée en gamme est fortement liée à l'émergence du e-commerce et des différents modes de distribution associés (livraison à domicile, en magasin, en point relais, etc.). Pour satisfaire les nouveaux standards de service, les entrepôts doivent faire preuve de rapidité et de flexibilité, quelles que soient les typologies de marchandises concernées.

Pour répondre à ces nouveaux enjeux, les WMS doivent permettre de mieux anticiper, voire de proposer une analyse prédictive de l’activité.


Quels sont les prérequis pour pouvoir profiter des potentiels offerts par le digital ?

Je pense qu’il s’agit avant tout de veiller à ne pas s'éparpiller. Il ne me paraît pas souhaitable de chercher à utiliser un maximum d’innovations en même temps.

Il est préférable de commencer par définir clairement ses objectifs puis d’être sélectif dans les technologies à intégrer dans son système d'information et dans ses process.

L’objectif est de privilégier des solutions qui permettent de s’attaquer en priorité à ses principales problématiques pour obtenir rapidement les premiers bénéfices avant de se consacrer ensuite à de nouveaux enjeux.

Il s’agit également de s’assurer de pouvoir mesurer les impacts de la mise en place de ces nouvelles solutions et de disposer des moyens pour mener des actions correctives si cela s’avère nécessaire.


Vous avez dernièrement mené des tests sur une montre connectée…

L’utilisation de la montre visait à mesurer le nombre de pas réalisés par les opérateurs puis à exploiter cette donnée afin de réorganiser l’entrepôt et en particulier l’affectation des emplacements.

Cela s’inscrit en fait dans un projet plus global qui est la réécriture de notre WMS. Nous avons créé et intégré de manière native des API et des webservices pour que notre nouvelle solution puisse communiquer avec n'importe quel type d’équipements (objets connectés, chaînes automatisées, etc.).

Nous nous sommes ainsi assurés que le WMS puisse être compatible avec toutes les innovations. Ces tests avec la montre connectée nous ont en particulier permis de vérifier que nos webservices fonctionnaient correctement.


Pourquoi avoir réécrit votre WMS ?

Notre solution historique était d’une grande profondeur fonctionnelle. Elle est d’ailleurs encore utilisée par une centaine de clients. Néanmoins, les innovations qui arrivent en entrepôt (drones, robots, exosquelettes, etc.) nous ont incité à repenser complètement notre manière de faire. Il s’agissait de s’assurer d’une compatibilité totale avec tous les équipements (imprimantes, terminaux, etc.) sans aucune adaptation (en fonctions des différents pistolets, étiquettes et stations chargeurs) pour chaque montée ou changement de versions.

Nous avons donc entièrement repensé notre manière de développer en s’appuyant en premier lieu sur l’expertise d’un ergonome qui nous a accompagné sur le développement de notre nouveau WMS Full web.

Nous voulions en effet proposer un logiciel vraiment intuitif à mettre en place et avec une prise en main facilité.

Le WMS est « responsive », c’est-à-dire que, quel que soit le support, la définition s’adapte à la taille de l’écran pour une lisibilité optimale sans nécessité de scroller de droite à gauche. Il est en outre compatible avec l’ensemble des navigateurs du marché.

Nous avons également souhaité que ce nouveau WMS soit totalement ouvert sur l’écosystème de l’entreprise. Il est ainsi très simple de donner de la visibilité aux clients sur le déroulement du traitement logistique de leurs commandes et de collaborer avec les transporteurs.


Quelles typologies d’acteurs adressez-vous ?

Nous avons deux cibles principales : les professionnels de la logistique et du transport et les industriels.

Ces entreprises évoluent dans des secteurs d’activité divers : l'alimentaire, les boissons, la parapharmacie, l’électronique, l’automobile, l’outillage, etc.

Les enjeux sont propres à chaque secteur et ces spécificités sont gérées par notre WMS, je pense en particulier à la traçabilité des lots, la gestion des péremptions, du poids variable, des tailles et coloris pour le textile, etc.


Votre WMS est-il distribué uniquement sur un mode SaaS avec un hébergement dans le cloud ?

La solution peut aussi bien être hébergée en cloud qu’en local sur les serveurs de nos clients. Nous proposons également une troisième forme de distribution dans laquelle si les clients achètent bien les licences et en sont ainsi propriétaires, ils sont pour autant déchargés de toute la partie infrastructure et maintenance, prestations que nous leur fournissons donc.


Comment évolue la place des opérateurs dans des entrepôts digitalisés ?

Les métiers de l’entrepôt sont des métiers compliqués et encore trop peu valorisés.

Les conditions de travail peuvent parfois être difficiles avec des environnements froids et des charges lourdes à manutentionner.

Cela explique d’ailleurs en partie qu’il y ait tant de turnover dans ces métiers.

Les entreprises ont néanmoins désormais intégré l’importance d’opérations performantes dans leurs entrepôts afin que la qualité de service promise soit bien respectée. Elles ont donc tout intérêt à "chouchouter" leurs opérateurs et à valoriser leur travail. L’idée est qu’un collaborateur qui s’épanouit dans l’entrepôt aura tendance à y rester plus longtemps. L’entreprise bénéficiera alors de collaborateurs plus expérimentés disposant d’une meilleure connaissance de l’entrepôt.

Cela passe par le fait de faciliter au quotidien les tâches des équipes, de limiter le port de charges lourdes, bref de proposer de meilleures conditions de travail. Le développement de l’automatisation et l’émergence des exosquelettes répondent à cet objectif.

La digitalisation contribue clairement à rendre tout cela possible.


Pour aller plus loin


Bio Express

Hélène KERJEAN est Chef de Marché, en charge de l’ensemble des produits liés à la supply chain (transport, WMS et douane) chez AKANEA. Elle occupait auparavant le poste de chef de marché Transport, en charge de la stratégie des produits au sein du service Développement des Marchés.

Madame KERJEAN a une expérience de plus de 10 ans dans des postes de responsable marketing opérationnel et stratégique dans le monde de l’édition et est diplômée de l’École Supérieure de Commerce de Clermont-Ferrand.

Site Internet d'Akanea Développement : http://www.akanea.com


Contactez notre équipe