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Supply chain collaborative : enjeux et solutions

INTERVIEW

‘‘ La fluidité des échanges en temps réel et l’automatisation des process ’’ L.DIDELOT, SIGMA


Ludovic DIDELOT, Ingénieur Commercial Supply Chain, SIGMAInterview de Ludovic DIDELOT, Ingénieur Commercial Supply Chain, SIGMA.
Réalisée le 22/10/2018 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Supply chain collaborative : enjeux et solutions ».


Où en est-on de la collaboration en Supply Chain ?

Auparavant, chaque acteur utilisait son propre outil sur son seul périmètre sans collaborer avec les autres intervenants de la Supply Chain, ni même les autres services de son entreprise.

  Autres contributions

Evelyne RAYNAUD | A-SIS
‘‘ La collaboration, nous sommes entrés dans un cercle vertueux ’’

Audrey CAYETANO | S2PWEB
‘‘ Bénéficier d’une visibilité centralisée pour optimiser son organisation  ’’

ALPEGA
‘‘ Faciliter la collaboration entre chargeurs, prestataires logistiques et transporteurs  ’’

Jérôme BOUR | DDS LOGISTICS
‘‘ Aller chercher des gains au-delà de ce que chaque entreprise peut générer sur son propre périmètre  ’’

Jenny ROMAN | AMBER ROAD
‘‘ Faciliter la circulation des flux dans les chaînes d'approvisionnement mondiales  ’’

TRANSPOREON
‘‘ Accélérer les opérations et améliorer la satisfaction client ’’

Isabelle BADOC | GENERIX GROUP
‘‘ Partager l’utilisation des moyens supply chain ’’

Il y a une quinzaine d’années, le principe de collaborativité a émergé, mais il s’agissait plutôt d’une collaboration interne à l’entreprise. C’est ainsi qu’on a vu émerger les WMS, puis les TMS interfacés à l’ERP.

Cette dernière étape franchie, les entreprises ont pris conscience de l’intérêt d’élargir la collaboration au-delà de leur périmètre pour pouvoir accéder en temps réel aux informations sur le déroulement des opérations, en amont ET en aval de leur activité.

La complexité étant d’harmoniser tout l’écosystème : les SI de son entreprise ET les SI de ses partenaires amont et aval. Le tout avec des SI construits indépendamment les uns des autres et sans aucune harmonie.


Quels sont les objectifs de la collaboration ?

Lorsque j’étais transporteur, il arrivait que les clients appellent pour avoir des nouvelles sur une expédition en bon déroulement de livraison. Cela arrive encore trop souvent et pollue les différents services d’appels ou d’e-mails inutiles que la Supply Chain collaborative va leur faire économiser.

L’objectif est de satisfaire le client en le rassurant sur l’avancement de ses demandes pour lui permettre d’organiser son exploitation en conséquence sans perte de temps.

Concrètement cela revient à optimiser les moyens pour les transporteurs et les demandes de transport pour les chargeurs. Ce qui pourrait s’apparenter à une saine démarche collective RSE.

Il faut dire que la planification des opérations de transport prend de multiples formes et constitue souvent une charge lourde et délicate. Elle est réalisée avec peu d’informations disponibles (commandes changeantes, horaires variables, volumes incertains, capacité des transporteurs aléatoire) et soumise à de forts aléas, tels que les embouteillages, les événements climatiques (notamment en période hivernale) ou tout autre incident technique (crevaison, panne, etc.).

C’est là que la visibilité apportée par la mise en place d’une Supply Chain collaborative prend tout son sens. Grâce à l’ouverture des systèmes les uns avec les autres (et quelle prouesse technique quand on voit les divergences de SI), il devient possible d’aller chercher les informations en automatique auprès des fournisseurs de ses fournisseurs et de les restituer aux clients de ses clients.

Ainsi, les acteurs concernés sont alertés en temps réel de la survenance d’un éventuel aléa et peuvent s’adapter en conséquence, que ce soit d’un point de vue opérationnel ou d’un point de vue commercial par rapport au destinataire final.

Dans le même temps, les destinataires sont informés du bon déroulement des expéditions grâce à l’automatisation de l'envoi de messages rassurants sur les étapes majeures de l’expédition (en cours de préparation, en partance de l’agence de livraison, estimation de l’heure de livraison, etc.). Ces messages étant générés automatiquement, les opérationnels peuvent dégager du temps pour s'occuper en priorité des aléas.

« La fluidité des échanges en temps réel et l’automatisation des process » constituent les deux grands bénéfices de la mise en place d’une telle solution.

Au final, ce sont des gains de productivité pour les acteurs qui opèrent le transport et une meilleure qualité de service de la part des chargeurs vis-à-vis de leurs clients.




Quels sont les acteurs concernés par la collaboration Supply Chain ?

L’ensemble des acteurs sont concernés car les modèles de consommation évoluent très vite et nécessitent une transmission de l’information efficace et partagée. Les expéditeurs, les fournisseurs, les clients, les donneurs d'ordre, les destinataires, les transporteurs, les plateformes, et les pilotes ont intérêt à transmettre leurs informations pour apporter une pleine transparence à tout l’écosystème et de l’efficience sur l’ensemble des opérations. La collaboration entre ces différents acteurs a du sens dès lors que les schémas de distribution sont fortement impactés pour mesurer et optimiser les capacités, les workflows, les process et même les achats en consolidant les informations.

D’ailleurs je pense que tout nouvel entrant dans la Supply Chain devra impérativement avoir pris en compte cette évolution collaborative. Si demain la livraison par drone se développe par exemple, il conviendra que ces acteurs intègrent cette dimension collaborative en prévoyant le transfert de leurs informations.


Quelles sont les conditions nécessaires à la mise en place d’un modèle de Supply Chain collaborative ?

Je l'évoquais à l'instant, la première condition est que chaque intervenant puisse s’appuyer sur un SI, ce qui est assez révolutionnaire quand on y repense. Pourtant, aujourd’hui, 90% des transporteurs qui comptent moins de 20 véhicules ne sont pas équipés de TMS. Et ils sont de plus en plus sollicités pour participer à cette collaborativité.

Ensuite, l’un des acteurs doit avoir la volonté de mettre en place une plateforme collaborative. Une solution qui doit pouvoir s'intégrer au centre de l’écosystème existant en se connectant facilement à tous les systèmes déjà en place. Car aucune solution ne peut remplacer tout un écosystème en Big Bang et aucun fournisseur ne peut s’équiper d’autant d’outils qu’il compte de clients.

Il convient donc au contraire de mettre en place des solutions ouvertes permettant d’intégrer n'importe quel type de données et de tout type de formats en s’interfaçant simplement avec d’autres systèmes.

Enfin, pour que la collaboration révèle tout son sens, il est essentiel que les règles du jeu soient connues de tous, que chacun sache ce que lui-même y apporte, et y gagne, mais aussi ce que les autres y apportent et y gagnent sans sentiment d’abus ni d’excès. Les relations au sein de la communauté doivent être saines et équilibrées.


Justement, quels bénéfices les donneurs d’ordre peuvent-ils plus particulièrement tirer de la collaboration ?

Les donneurs d'ordre cherchent à proposer des niveaux de services à leurs clients B2B identiques à ceux dont les particuliers bénéficient aujourd’hui lorsqu’ils font leurs achats sur Internet.

L’atteinte de cette qualité de prestations passe nécessairement par une transparence de l’information et une mise à disposition en temps réel de ces mêmes informations auprès de tous les acteurs de la Supply Chain.

Les bénéfices se ressentent au niveau des ressources commerciales, de l’administration des ventes, et de l’exploitation et ont un effet direct sur leur rentabilité. Le tout en apportant une plus grande satisfaction client en lui communiquant en toute transparence une visibilité accrue sur toutes les étapes du process.


Et les transporteurs, qu’ont-ils à y gagner ?

Au-delà de la satisfaction de leurs clients (les donneurs d'ordre), les prestataires peuvent optimiser leurs opérations :

  • En optimisant leurs moyens et en limitant les kilomètres à vide grâce à une meilleure information sur les quantités remises et les dates de disponibilité
  • En dégageant leur personnel d’une importante charge administrative de communication sur les expéditions en cours, ils pourront se consacrer à la résolution des aléas et être plus proactifs.

Désormais, grâce à l’automatisation de message sur le bon déroulement des opérations, l’exploitation économise le temps passé inutilement à renseigner les clients pour se consacrer aux problèmes qui vont surgir prochainement. C’est ce qui devrait rassurer le personnel qui voit arriver ces outils avec une forte inquiétude pour leur emploi alors qu’il leur donnera plus de valeur.


Quelles sont selon vous les caractéristiques que doit revêtir la solution technique sur laquelle la collaboration s’appuiera ?

Je pense que plusieurs points doivent être considérés pour choisir la solution :

  • Je l’évoquais à l’instant, il convient de s’appuyer sur un outil central, non sectaire, en mesure de s'interfacer facilement avec l'écosystème existant, même des solutions concurrentes. C'est fondamental pour alléger le projet et faciliter la gestion du changement. La clé de succès est de privilégier une plateforme qui se pose au centre de l'écosystème existant, telle une tour de contrôle, et qui s'interface avec toutes les solutions déjà en place.
  • L’outil doit pouvoir s’appuyer sur un EAI en mesure de s'interfacer facilement pour que chaque acteur puisse y connecter ses systèmes.
  • Le business model proposé ne doit pas se révéler dissuasif. Je pense en particulier à des outils dont le coût d’utilisation est dépendant du nombre d’utilisateurs. Cela n'incite pas à élargir le périmètre de la collaboration à l'ensemble des acteurs. Le business model doit au contraire encourager la connexion de tous sans frein financier. C’est le modèle que nous avons adopté en nous basant sur le nombre d’expéditions, ce qui est plus rassurant pour les Supply Chain Managers.
  • Enfin, l'outil doit permettre de garantir la sécurité des données et donc être tiers de confiance.

Présentez-nous votre plateforme collaborative.

Notre plateforme Advantage Supply est une véritable tour de contrôle qui va s'installer au centre de l'écosystème existant sans nécessiter de modifications, juste du paramétrage pour les interfaces. Elle permet la transparence des flux entre tous les acteurs de la chaîne logistique en temps réel.

L’interfaçage est très facile grâce à notre puissant connecteur multi format qui accepte les formats EDI normalisés type EDIFACT, INOVERT, embarque les bibliothèques natives de connecteurs des plus grands applicatifs du marché à savoir SAP, Oracle ou JDE, utilise les web services en JSON/REST ou XML et gère également les fichiers à plat csv.

Ainsi l’ensemble du SI client peut être connecté à notre plateforme, que ce soit l’ERP, la gestion commerciale, les solutions d’exécution (GPAO,WMS, OMS) ou de planification APS, et surtout l’ensemble des prestataires qui interviennent dans sa Supply Chain.

Autre point majeur, Advantage Supply n’est pas sectaire, car nous sommes en mesure de nous connecter à des systèmes concurrents, en particulier sur le volet traçabilité. Nous privilégions effectivement le service apporté au client plutôt que l’exclusivité de nos solutions. Il faut savoir rester humble et serviable.


Quels sont les différents modules de votre solution ?

La solution se décompose en 7 services accessibles en un seul point et que le client choisit à la carte en fonction de ses besoins.

  • Planification : ce service permet l'intégration en automatique ET en temps réel de tous les ordres de transport mono-colis à l’affrètement complet jusqu'à la distribution dans les tournées en passant par la prise de rendez-vous, et l'affrètement multi transporteurs. Le but étant de concentrer l’intervention des opérateurs au traitement des aléas.

  • Traçabilité : ce service permet de déclarer et de récupérer en automatique ET en temps réel tous les événements constatés sur les opérations de transport selon 3 canaux simultanés : API avec leurs SI ou ceux de leurs prestataires, notre appli mobile pour ceux qui n’en ont pas encore, ou la déclaration manuelle dans notre plateforme web. Avec cette solution, le donneur d'ordre se connecte aux TMS de ses transporteurs et récupère toutes les informations sur notre plateforme centrale. Plus besoin d'aller consulter les sites des prestataires. Notre application mobile scanne les événements et remonte l’information automatiquement dans la plateforme. Cela permet de ne pas exclure les petits transporteurs de la digitalisation. Et les donneurs d'ordre peuvent continuer à s'appuyer sur leur savoir-faire bien souvent local ou spécifique.

  • Finance : avec ce service le budget transport est calculé en automatique ET en temps réel selon l’évolution des commandes, des aléas d’exploitation et des surcharges éventuelles. La pré facturation et le contrôle des factures transporteurs sont également incluses. Nous avons d’ailleurs une grande expérience dans l’intégration de grilles tarifaires complexes pour permettre aux équipes de se concentrer uniquement sur les écarts de valorisation.

  • Message : ce service vise à transmettre les informations en automatique ET en temps réel par SMS ou par e-mail sur des événements identifiés à l'avance. Cela peut s'apparenter au publipostage sous Word. À chaque survenance d’événement préalablement déterminé, un message est envoyé aux destinataires choisis par le canal prédéfini. L’idée est par exemple d'informer le destinataire à chaque étape de sa livraison. Service Message sert également à lancer des alertes sur des avaries, retards de livraison aussi bien en interne pour solutionner le problème de manière proactive qu'en externe via le service client pour informer les destinataires et essayer de trouver une solution satisfaisante, qui sera forcément meilleure que si le problème avait été identifié plus tard.

  • Conditionnement : ce service transpose les unités de vente en unité de transport en automatique ET en temps réel pour fiabiliser l’opérationnel, afin de dimensionner au mieux les moyens pour payer le transport au juste prix.

  • Étiquetage : le service permet d’éditer les étiquettes au format des transporteurs messagers, de centraliser leurs plans de transport pour éviter les erreurs de saisies et de dévoyés.

  • Performance : nous proposons des solutions qui s’appuient sur la plateforme BIME de Zendesk. Pour assurer une continuité dans la performance opérationnelle, nous avons dupliqué la base opérationnelle. Ainsi, l’extraction des données nécessaires au calcul des indicateurs ne vient pas pénaliser l’exploitation.

Pourriez-vous nous présenter des exemples de mise en place de votre plateforme collaborative ?

Je vous en citerais deux :

Le premier concerne une grande enseigne française de chaussures et de vêtements qui a interconnecté tous ses transporteurs du flux aval sur notre plateforme collaborative dans le but de bénéficier d’une visibilité en temps réel de ses expéditions une fois que celles-ci sont parties de son entrepôt central vers ses 422 magasins.

Grâce à notre solution, il sait exactement et en temps réel ce qu'en a fait son transporteur, à quel moment elle est arrivée sur la plateforme d'éclatement, à quelle heure elle a été mise en tournée, et si elle a bien été livrée. L’outil permet également de récupérer la preuve de livraison et les éventuelles réserves associées à celle-ci.

Sa qualité de service s’est donc largement améliorée grâce à cette visibilité. En cas de retard, le client est prévenu et peut réagir pro activement. L’objectif étant in fine d’éviter une rupture en linéaire.

Le deuxième exemple concerne une industrie agroalimentaire française. La logique a été de construire un modèle optimisé consistant à interconnecter un outil commun entre les différents acteurs alors qu’ils utilisaient auparavant une solution propre à chacun d’entre eux. Grâce à cette consolidation des données, les capacités de transport ont pu être mutualisées pour réduire significativement les coûts de transport au niveau du Groupe.

Il faut dire que dans une telle structure, les potentiels de mutualisation de chargement étaient évidents, mais jamais mis à jour. Notre Tour de contrôle coordonnant l’ensemble des données du Groupe a permis de mettre en œuvre ces possibilités de mutualisation pour réduire de manière significative les coûts de transport.


Pour aller plus loin


Bio Express :

Ludovic DIDELOT est Ingénieur Commercial Supply Chain chez SIGMA depuis 2015. Avant d’intégrer SIGMA, il était en charge de la commercialisation de la solution de gestion des rendez-vous MERCAREON.

Il avait auparavant évolué au sein de grands groupes de transport comme UPS, les Transport Dubois, DPD, et les Transport Heppner à des postes de commerciaux puis de direction des ventes.

Il dispose à ce titre d’une grande connaissance du domaine du transport et de ses évolutions digitales.

Site Internet de SIGMA : https://www.sigma.fr/


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