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‘‘ Les références sectorielles ne suffisent pas ’’
Ottavio Rivelli et Massimiliano Fochetti, SAVOYE
Ottavio Rivelli et Massimiliano Fochetti, SAVOYE
Entretien réalisé le jeudi 26 juin 2025 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier : « WMS/TMS : quelle solution pour quels enjeux métier ? ».
Quels sont les critères clés à prendre en compte pour choisir un WMS ou un TMS ?
Les besoins en matière de solution logistique et transport dépendent avant tout du contexte dans lequel évolue l’entreprise : A-t-elle une activité de production ou de distribution ? Opère-t-elle des flux B2B ou B2C ? Quel est le niveau d’exigence en matière de délais ou de maîtrise des coûts ? Ce sont autant de paramètres qui influencent les priorités fonctionnelles.
Le poids de ces enjeux varie fortement d’un secteur à l’autre. Certains domaines imposent des contraintes strictes et non négociables, tandis que d’autres laissent davantage de marge de manœuvre.
Prenons l’exemple de l’industrie pharmaceutique, dans laquelle nous finalisons actuellement plusieurs projets : la traçabilité, la gestion de la chaîne du froid ou la conformité réglementaire y sont des impératifs absolus. À l’inverse, dans des secteurs moins encadrés, c’est l’omnicanalité qui revient régulièrement comme enjeu majeur. Il faut pouvoir piloter efficacement plusieurs canaux de vente, avec des flux souvent très variables. Cette capacité d’adaptation devient alors un critère déterminant dans le choix des solutions.
En quoi votre plateforme logicielle se distingue-t-elle ?
Savoye repose sur deux expertises complémentaires : le logiciel d’un côté (WMS, TMS, OMS, WCS/WES) et l’automatisation de l’autre. Ce double positionnement nous permet de proposer une offre unifiée, sans intermédiaire, construite autour d’une plateforme unique. Toutes nos briques partagent le même socle technologique, la même base de données et la même interface. Résultat : une intégration native entre les modules, sans rupture fonctionnelle, et une grande modularité. Un client peut activer uniquement la brique dont il a besoin — comme la station chargeur — sans devoir déployer tout l’ensemble.
La suite de solutions end to end pour la supply chain ODATiO, mise sur le marché au début de l’année 2021, a été conçue autour du picking détail, ce qui facilite la gestion du B2C tout en conservant la capacité à traiter des flux palette. L’orchestration des commandes et la gestion de l’omnicanalité y occupent une place centrale.
Nous avons aussi fortement investi dans un moteur de workflows no-code / low-code, qui permet de configurer rapidement la solution, voire de proposer des templates adaptés à certains secteurs comme le prêt-à-porter, la pharmacie, les 3PL ou les pièces détachées. Ce moteur joue un rôle stratégique : il permet aux clients de personnaliser leur outil en fonction de leurs processus internes, tout en lui garantissant stabilité, maintenabilité et évolutivité. C’est une façon d’intégrer les spécificités métier sans tomber dans le piège du développement spécifique.
Comment répondez-vous aux attentes des entreprises en matière de flexibilité et de performance ?
Le cloud s’impose désormais comme la norme pour les solutions WMS, TMS et OMS. Les attentes des clients sont claires : ils veulent des outils accessibles, évolutifs, sécurisés et simples à déployer, sans contraintes d’infrastructure lourde ni configuration technique spécifique. Concrètement, cela signifie une solution réellement full web, accessible depuis n’importe où, sans besoin de VPN ni d’installation locale.
Notre réponse à ces enjeux repose sur une technologie full cloud, que nous proposons aussi bien en mode dédié qu’en mode mutualisé. Même sur des environnements complexes ou des sites de grande taille, nous sommes en mesure de garantir un haut niveau de performance.
Côté WCS/WES, le déploiement en cloud reste encore peu répandu, principalement en raison des exigences de réactivité en temps réel. Mais les progrès en matière de latence ouvrent aujourd’hui de nouvelles perspectives. Nous voyons apparaître les premières demandes concrètes, auxquelles nous sommes déjà en mesure de répondre. C’est une tendance de fond, qui accompagne naturellement la maturité croissante du marché.
Quels sont les secteurs que vous adressez le plus souvent, et avec quels enjeux spécifiques ?
Nous adressons plusieurs secteurs, chacun avec ses spécificités et ses exigences propres. Parmi eux, trois univers se détachent particulièrement.
Le prêt-à-porter, d’abord, constitue un de nos axes forts. Dans ce domaine, notre approche centrée sur le logiciel — contrairement à d’autres acteurs plus orientés mécanisation — nous permet de répondre plus finement aux besoins métier :gestion de l’omnicanalité, forte saisonnalité, variabilité des charges, opérations de réassort et de transfert entre magasins, ou encore prise en compte des déclinaisons produits (tailles, couleurs, modèles…).
Côté TMS, la dimension multimodale est souvent présente, avec des approvisionnements internationaux (containers) à combiner avec des livraisons locales. Cela suppose une coordination fluide entre transport et entrepôt, que nous savons adresser, y compris en intégrant uniquement certaines briques comme la station chargeur dans un système d'information existant.
Dans le secteur pharmaceutique, les contraintes sont d’une autre nature, mais tout aussi fortes. Il s’agit ici de garantir la conformité réglementaire, une traçabilité sans faille et, bien souvent, la maîtrise de la chaîne du froid. Notre solution répond aux exigences attendues pour l’obtention des certifications, et nous avons accompagné plusieurs projets jusqu’à leur validation par les autorités. Là encore, nous apportons une réponse ciblée, sans compromis sur la stabilité de l’architecture.
Enfin, les 3PL représentent un cas à part. Leur mission consiste à opérer pour le compte de clients issus de secteurs très variés, parfois même au sein d’un même entrepôt. Notre architecture a été conçue pour cela : elle permet de gérer plusieurs clients en parallèle, sur une même instance, tout en cloisonnant parfaitement les données. Cette logique multi-clients, combinée à une forte capacité d’intégration avec des ERP multiples, répond parfaitement à ces enjeux de flexibilité et de mutualisation.
Comment parvenez-vous à adapter votre solution d’un secteur à l’autre ?
Nous misons sur l’assemblage de composants standard, configurables via workflows, plutôt que sur le développement de spécifiques. Cette approche garantit une base technique stable, évolutive et pérenne.
Certaines fonctionnalités, conçues à l’origine pour un secteur, trouvent ainsi des applications dans d’autres univers. C’est le cas, par exemple, de notre gestion des références à faible rotation, initialement développée pour les pièces détachées, et que nous utilisons aussi dans le fashion pour traiter les articles en fin de saison. Grâce à notre socle technologique commun, ces logiques sont facilement transférables d’un contexte métier à un autre.
Cette transversalité nous permet de répondre efficacement à des projets complexes, en adaptant des composants éprouvés plutôt qu’en repartant de zéro. Notre socle unifié rend ces passerelles à la fois possibles et naturelles. Nous capitalisons ainsi sur chaque expérience sectorielle pour enrichir l’ensemble de notre offre.
Faut-il forcément choisir une solution déjà éprouvée dans son secteur d’activité ?
Lorsqu’une entreprise cherche à changer de WMS, elle a naturellement tendance à considérer les solutions déjà déployées dans son secteur. Si elle évolue dans le fashion, elle va difficilement se tourner vers un éditeur sans aucune référence dans ce domaine. C’est un réflexe sain, qui permet de s’assurer que son futur partenaire maîtrise les enjeux métier spécifiques.
Mais les références sectorielles ne suffisent pas. Il faut aussi s’intéresser au socle technologique : est-il vraiment full web ? Est-ce une plateforme cloud-native ? Peut-on configurer facilement la solution en low-code ou no-code ? Et surtout, quelle est la couverture fonctionnelle standard ? Un bon WMS doit couvrir 80 à 90 % des besoins sans avoir recours à des développements spécifiques.
Bien sûr, il existe des exceptions. Certaines start-up, par exemple, adoptent des modèles opérationnels totalement inédits. Dans ce cas, il peut être plus pertinent de s’appuyer sur une solution issue d’un autre secteur, mais proche en termes de logique de processus.
De manière générale, le marché n’attend plus des prototypes. Il veut des outils robustes, éprouvés, configurables. Et c’est précisément ce que nous proposons avec ODATiO : une capacité à construire du sur-mesure métier… à partir d’un socle éprouvé et industriel.
Bio Express
Ottavio Rivelli a effectué l’ensemble de sa carrière dans le domaine du WMS. Il débute en France chez Aldata (devenue EYC Symphony), avant de passer dix années au Brésil dans le même secteur. De retour en France en 2005, il occupe successivement les fonctions de directeur commercial chez Manhattan Associates, puis de directeur France chez Red Prairie (désormais Blue Yonder). En 2010, il fonde la filiale française d’Inconso, intégrée ensuite au groupe Körber. Il y prend la direction du WMS / WCS pour l’Europe du Sud ainsi que de Voiteq France. Après l’évolution de Körber vers Infios, il rejoint Savoye en mars 2025 pour prendre la responsabilité de l’activité software (édition et intégration).
Massimiliano Fochetti a rejoint Savoye en mars 2025 en tant que Directeur des Ventes. Il cumule plus de 30 ans d’expérience dans l’intralogistique, avec des fonctions de direction commerciale et générale chez Jungheinrich, Swisslog, puis Fives. Il y dirige d’abord l’activité commerciale mondiale sur les trieurs, puis prend la tête de la division intralogistique, avant de diriger la filiale lyonnaise du groupe.
Site Internet de Savoye : https://www.savoye.com/fr
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