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‘‘ Collaborer pour reprendre la main sur sa Supply Chain ’’
Jean-Pierre MOULY, ZETES


Jean-Pierre MOULY, Business Consulting Manager chez ZETES.

Jean-Pierre MOULY, Business Consulting Manager chez ZETES.


Entretien réalisé le mardi 19 septembre 2023 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier : « Comment optimiser la collaboration avec votre écosystème ? »


Pourquoi et avec qui collaborer ?

En BtoC comme en BtoB, les chaines d'approvisionnement impliquent une multitude d’intervenants, chacun jouant un rôle spécifique dans le processus global :

  • En amont, l'entreprise doit gérer ses propres fournisseurs : matières premières et composants si l'entreprise est un industriel, produits finis si elle est un grossiste, revendeur ou retailer.
  • Un industriel peut également s'appuyer sur des partenaires de type façonniers sous-traitants pour fabriquer tout ou partie d'un produit. Ce sont des configurations fréquentes dans l'industrie pharmaceutique sous le terme 'CMO' (pour Contract Manufacturing Organization), ou dans le secteur du phytosanitaire et de l'agrobusiness où ces partenaires sont communément appelés 'Tollers'.
  • En aval de la chaine, la distribution des produits peut être assurée en interne, confiée à des partenaires 3PL, impliquer des grossistes, etc.
‘‘ Sans une transmission fluide des informations, une optimisation du processus global est impossible ’’

Cette diversité d’acteurs et de périmètres de responsabilité complexifie la gestion de la Supply Chain. Sans une transmission fluide des informations, une optimisation du processus global est impossible. Une entreprise éprouvant des difficultés à appréhender ce qui se passe en amont et en aval de son périmètre d’intervention ne pourra par exemple pas réagir rapidement en cas de problème rencontré par un fournisseur ou un transporteur.

La collaboration avec son écosystème de partenaires est alors le moyen de reprendre la main sur sa Supply Chain.

Sa mise en place vise en particulier à :

  • Faciliter les communications avec les partenaires pour améliorer la réactivité et la prise de décisions en se basant sur des données situées au-delà du domaine d’action de l’entreprise.
  • Protéger sa Marque en renforçant la lutte contre les marchés parallèles. Pour atteindre cet objectif, les entreprises s'efforcent d'acquérir des informations au-delà de leurs partenaires directs. Elles renforcent leur protection contre la falsification des produits en utilisant la sérialisation. Cette démarche vise à combattre non seulement le marché noir (activités commerciales illégales), mais aussi le marché gris (contournement des canaux de distribution autorisés par l’industriel). Elle est particulièrement indiquée quand les produits en question sont issus de filières à fort savoir-faire (Luxe), peuvent présenter un danger (Explosifs à usage civil) ou peuvent affecter la santé de l’utilisateur (Pharma, Phytosanitaires, Food, etc.).
  • Établir un lien direct avec les clients finaux, lien qui peut parfois s’effriter en raison des multiples intermédiaires entre l’industriel et les consommateurs (3PL, grossistes, etc.). Les Marques souhaitent s’assurer de bien comprendre les attentes des acheteurs pouvoir leur proposer des initiatives marketing sur mesure, et leur offrir une meilleure visibilité sur l'origine et l'authenticité du produit



Qui initie généralement cette démarche collaborative ?

En B2B, l’acteur moteur est habituellement le fabricant. En B2C, il s’agit plutôt du distributeur. Dans certaines situations, l'autorité réglementaire peut également jouer un rôle déterminant en imposant une traçabilité collaborative à l'ensemble d'une filière.

L’acteur leader sera essentiel dans la coordination de l'ensemble ou d'une partie de la chaine d'approvisionnement. Il aura la charge de convaincre ses partenaires de l'importance de mettre en œuvre une telle collaboration. Il agira comme l'opérateur principal d'une plateforme centralisée destinée à faciliter l'échange d'informations entre les différents maillons, permettant ainsi à chacun d'optimiser son efficacité dans son propre domaine d'intervention.


Sur quelles solutions techniques s’appuyer ?

Au niveau technique, la collaboration requiert l’utilisation d’une base de données en mesure d’assurer :

  • La traçabilité des flux à partir des informations remontées par chacun des acteurs
  • La diffusion des informations pertinentes à chacun de ces mêmes acteurs, à travers la fourniture d’accès en visibilité préformatés

Si ces bases de données sont traditionnellement structurées en mode SQL relationnel, elles adoptent désormais de plus en plus souvent le mode NoSQL, caractérisé par des données non structurées sur le plan relationnel.

‘‘ Le mode No-SQL de plus en plus souvent adopté ’’

Dans ces dernières, les données sont stockées à l'état brut, parfois en quantités considérables, et ce, sans nécessiter de prétraitement de la part des intervenants. Cette approche simplifie leur tâche et favorise ainsi l’engagement de tous dans la remontée d’informations.

Les données peuvent ensuite être travaillées et restituées en fonction des centres d'intérêt des utilisateurs (Commerce, Qualité, Logistique, Production, etc.)

L’objectif est, in fine, d’intégrer des règles permettant d’avertir les contacts pertinents sur la nécessité de se connecter à la base de données afin d’investiguer sur la survenance d’un évènement identifié comme non conforme. Par exemple, le système peut déceler la mise en quarantaine d'une palette présentant un défaut au cours d'une réception sur un site donné. Il est alors pertinent d’en prévenir les acteurs situés en aval de la chaine dans la mesure où ils risquent d’être impactés et subir un retard de livraison pour les produits concernés.

La base de données peut également être interfacée par API avec les outils métiers déjà utilisés par les acteurs afin que ceux-ci puissent consulter et publier des informations depuis leurs propres systèmes.



Dans quel cas une autorité légale intervient-elle dans un tel projet ?

Lorsque des Directives françaises ou européennes viennent imposer une traçabilité fine à un écosystème Supply Chain donné, l'autorité légale va inciter l'ensemble de la chaine d'approvisionnement à s'organiser et à collaborer dans la durée.

Je pense en particulier aux Directives qui, au cours des dernières années, ont impacté les industries des produits pharmaceutiques, du tabac et des explosifs à usage civil, les obligeant à suivre rigoureusement les numéros d'identification associés aux articles.

L’autorité légale a alors défini le cadre des solutions à mettre en place.  Dans le secteur des explosifs, une configuration décentralisée a été adoptée : chaque acteur devait maintenir sa propre base de données et partager des ASN (Avis d'Expédition Avancé) avec les parties amont et aval pour surveiller et contrôler les flux physiques entrants et sortants.

Dans les secteurs pharmaceutiques et dans l’industrie du tabac, c’est une approche centralisée qui a été retenue avec une autorité légale qui assume le rôle d'opérateur de la base de données. L’intérêt est de pouvoir bénéficier d’une vue d'ensemble plus complète, et ce en temps réel. Chaque acteur peut ainsi accéder à certains niveaux d'information permettant de valider ou optimiser ses propres opérations.


Que propose Zetes sur ce volet de la collaboration ?

Notre plateforme ZetesOlympus centralise les données. Des interfaces API permettent d’y publier ou à l'inverse d’y requêter les datas.

Ensuite, la visibilité sur les données se fait au travers de nos plateformes web ZetesZeus dont l’intérêt est de préformater les informations par perspective-métier: production, qualité, logistique, commandes, assets, etc.

Elles permettent de consulter l'ensemble de ces données brutes sous différents angles :

  • Du point de vue des unités commerciales et des unités de manutention
  • Du point de vue des lots et/ou des numéros de série
‘‘ Une vue temps réel et dynamique de l'activité ’’

Ces bases d'information autorisent donc une vue temps réel et dynamique de l'activité. Ce n'est pas le cas d'un outil de Business Intelligence (BI) qui fonctionnera plutôt en batch (lancement d’un processus, récupération de données puis restitution des résultats). Les vues ZetesZeus évoluent de leur côté en continu, prenant en compte les évènements au fur et à mesure, avec le cas échéant, le déclenchement d’alertes en temps réel.
L'emploi des technologies no-SQL permet de plus une très bonne réactivité aux requêtes appliquées sur des milliards de données.

Les principales perspectives proposées sont :

  • ZetesZeus Goods Traceability pour les produits et leur traçabilité , qu'ils soient sérialisés ou simplement suivi par lot. En cas de rappel à faire, celui-ci est plus facilement organisé dans la mesure où les liens entre des lots de produits finis et de matières premières sont consultables. La localisation des références concernées est également disponible ainsi qu’un horodatage des différents évènements métiers vécus par l’article et son packaging (fabrication, réception, dispatch, préparation, chargement, inventaire, livraison, etc.).
  • ZetesZeus Assets Tracking pour les emballages réutilisables (rolls, caisses plastiques, palettes, etc.). Les assets sont sérialisés et localisés. Des alertes sont configurées pour signaler les actifs dormants ou des seuils minimaux non respectés par plateforme, qui mettraient en péril les expéditions.
  • ZetesZeus Order Fulfillment pour le suivi des commandes de réapprovisionnement et commandes clients. Une commande est donc suivie tout au long de la chaine, ce qui permet à un distributeur de s’assurer que tous les moyens sont bien déployés par son fournisseur pour que celle-ci puisse à la fin être mise à disposition de son client dans les bonnes conditions de délais et de qualité.

Ces solutions peuvent être complétées par des outils dynamiques de BI pour répondre à une interrogation spécifique.



Comment favoriser la réussite d'un projet de collaboration ?

Je considère qu'il est préférable d'appliquer une approche progressive en débutant par les propres systèmes de l’entreprise, celle-ci étant souvent confrontée à la complexité de son propre écosystème informatique, avec divers systèmes au sein de ses usines, entrepôts, filiales, etc. Cela devient particulièrement complexe lorsque l'entreprise a grandi par croissance externe avec des sociétés utilisant des outils distincts.

‘‘ Disposer d'une base centralisée et de données maîtres ’’

Adopter une plateforme en interne permet de disposer d'une base centralisée et de données maîtres. Ainsi, les obstacles liés à la fragmentation des datas (avec parfois des dénominations différentes) dans les silos sont surmontés. La plateforme permet alors à tous les départements de l'entreprise et à ses sites de coopérer et d'échanger des informations normalisées.

Vient ensuite le moment d'intégrer ses partenaires en commençant par ceux auxquels sont associés les enjeux prioritaires. Il peut s’agir de partenaires CMO (Contract Manufacturing Organizations), de 3PL (Third-Party Logistics), de fournisseurs, de distributeurs, de clients revendeurs, etc.



À quel risque une entreprise qui souhaite s’équiper peut-elle être confrontée ?

La tendance actuelle à affiner la granularité de l'information entraîne une explosion des volumes de données à stocker et à traiter.  

Il y a 50 ans, les informations associées à un produit étaient très limitées. L’EAN13 permettait d’identifier la référence article. Sa date de fabrication pouvait également éventuellement être renseignée.

Ensuite, le besoin d’une meilleure maîtrise des lots a été adressé.  Les dates de démarrage et de fin de fabrication ont commencé à être tracées et l’association des lots de produits aux lots de matières premières et de composants utilisés dans leurs processus de fabrication a été établie.
Ces liens sont en particulier requis dans les situations de rappels de produits. Si un problème est constaté sur un lot, il est possible :

  • De remonter vers tous les lots de matières premières et de composants en rapport avec ce produit pour trouver la cause du problème (traçabilité ascendante)
  • D’identifier les lots de produits impactés (traçabilité descendante) et leur localisation dans la chaine à un instant précis.

Désormais, la tendance est de suivre les numéros de série. Cela peut être imposé par certaines Directives comme évoqué à l’instant, mais, au-delà de la contrainte légale, nombre d’entreprises souhaitent franchir le pas, car elles y voient l’opportunité de mieux maîtriser leur Supply Chain, en particulier pour lutter contre les marchés noirs et les marchés gris et protéger le consommateur final. Cela implique également de suivre de plus en plus d’évènements logistiques dans des Supply Chains de plus en plus globales (fabrication, agrégation, expédition, réception, préparation, rework des unités logistiques, réexpédition, etc.)

Avec la sérialisation, l’élargissement du périmètre aux intervenants amont et aval et la multiplication des évènements suivis, la quantité de datas à traiter et à stocker augmente de manière exponentielle

Le risque est alors de ne pas considérer l’option plateforme, mais d’être tenté de renseigner les numéros de série dans son WMS ou ERP existant. Cela me semble être une très mauvaise idée.
D'abord parce que peu de solutions de ce type peuvent le faire, mais surtout parce qu'elles n'en ont tout simplement pas l'usage. Un WMS est là pour gérer l'entrepôt : recevoir des ordres de préparation, collecter les produits, les expédier, etc. L'information sur les numéros de série n'est pas nécessaire pour mener à bien ces missions. Ce sont les responsables de la qualité et de la Marque, et au final le client qui en ont besoin, pas le directeur de l'entrepôt.

Le WMS doit donc à mon sens rester un outil de gestion et d’exécution, permettant d’optimiser les opérations logistiques et ne pas être « pollué » par des informations dont il n’a pas besoin pour réaliser sa mission.


Pour aller plus loin


Bio Express

Jean-Pierre MOULY est Consultant Traçabilité Groupe. Il est à ce titre Product Owner des offres logicielles ZetesOlympus et ZetesZeus de l’éditeur. À l’écoute du marché et des besoins remontés par les filiales Zetes, il travaille en relation étroite avec les Software Factories de Madrid et Barcelone, dans lesquelles sont développés les produits.

Site Internet de Zetes : https://www.zetes.com/fr


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