La pénurie des œufs : sujet supply chain ?
|

Avis d'expert Chrymelie
9 décembre 2025
Qui d’entre nous ces derniers mois avaient sur sa liste des courses une boîte d’œufs et finalement s’est retrouvé face au rayon vide : pas d’œufs premier prix, ni plein air, ni même BIO !
Ces ruptures de stocks en supermarché deviennent de plus en plus fréquentes. Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce phénomène ?
Crédit photo : Chrymelie. Crédit photo : Chrymelie. |
Œuf : le roi de l’assiette… et de la demande
Le constat est clair : les Français consomment plus d’œufs qu’avant. Pourquoi ? Parce que c’est bon marché, parce que qu’ils ont tout autant de valeur nutritive que la viande et par-dessus tout simple à préparer – solution parfaite au pouvoir d’achat en baisse permanente. En effet, depuis la pandémie du Covid la demande de ce produit est en constante hausse, en 2025 elle risque d’augmenter de 5% par rapport à l’année précédente
D’après Alice Richard, directrice de l’interprofession des œufs, qui a partagé son analyse dans la presse, cette situation risque de perdurer jusqu’à la mi-année 2026 le temps d’adapter la production à la nouvelle demande, ce qui représente la construction de 300 nouveaux poulaillers, en attendant la France se voit contrainte d’importer auprès de ses voisins Européens.
Et la supply chain dans tout cela ?
Si la demande augmente plus vite que la capacité de production, les approvisionnements ne couvrent plus les besoins et les supermarchés se retrouvent immédiatement sous pression. Mais pour comprendre pourquoi les rayons d’œufs se vident si vite, il faut regarder comment sont organisés les approvisionnements et la planification dans la grande distribution.
Prévoir la demande : un exercice plus complexe qu’il n’y paraît
Les œufs, comme tous les produits frais, nécessitent un pilotage très fin des prévisions. Les enseignes s’appuient sur :
- L’historique des ventes : volumes par jour, par semaine, par saison
- Les données contextuelles : météo, jours fériés, périodes des vacances scolaires
- Les tendances du marché : inflation, changements d’habitudes alimentaires, tensions sur les matières premières
Mais lorsque la consommation augmente brutalement – comme c’est le cas depuis 2020 – les modèles prédictifs ont du mal à s’ajuster. Une hausse de +5 % en un an paraît faible, mais appliquée à un produit aussi volumétrique et aussi consommé, cela représente des millions d’unités supplémentaires à produire… alors que les capacités ne suivent pas.
L’approvisionnement des produits frais : un flux tendu très sensible
Pour les œufs, la plupart des enseignes fonctionnent en flux tendu, c’est-à-dire, parce que les dates sont courtes les livraisons sont quotidiennes ou quasi quotidiennes.
Cela implique peu de stock en magasin et donc pas de marge de manœuvre pour répondre aux aléas tels que maladies aviaires, météo chaude qui fait baisser la ponte, restrictions réglementaires, perturbations logistiques entre autres. Les magasins dépendent donc fortement du rythme de production des élevages car une poule ne pondéra plus vite, ni un poulailler se construira en quelques semaines si la demande pour les œufs augmente.
Dès que la production baisse ou que la demande dépasse le prévisionnel, les ruptures apparaissent dans les jours qui suivent.
Cela explique pourquoi les rayons se vident alors que les magasins commandent naturellement plus. Parce que les volumes disponibles en amont sont limités, et que les centrales d’achat doivent répartir la pénurie, les magasins reçoivent moins que leurs commandes réelles. Le supermarché n’est donc que l’ultime maillon visible d’un déséquilibre beaucoup plus en amont.
Conclusion
Finalement, nous sommes face à un véritable enjeu d’augmentation de capacité. Et comme dans l’industrie, cela ne se résout pas en quelques mois.
Dans le secteur industriel, augmenter la production implique d’investir dans de nouveaux équipements, d’installer des machines, d’outillages, parfois même de construire une nouvelle usine. À cela s’ajoutent les délais de fabrication, d’installation, de qualification… et la main-d’œuvre nécessaire.
Dans l’agro-alimentaire, c’est exactement la même logique : construire un poulailler, c’est comme construire une usine. Il faut du temps, des infrastructures, et tout un écosystème logistique derrière — stockage, transport, qualité sanitaire. Est-ce donc un sujet supply chain ? Sans aucun doute, oui.
Derrière un rayon vide, c’est toute une chaîne qui s’adapte, investit et se réorganise.
FAQ logistique est un média relayant les actualités des secteurs transport, logistique et supply-chain. Les communiqués de presse publiés sur FAQ Logistique ne sont pas rédigés par nos équipes mais directement par les sociétés qui souhaitent les diffuser sur notre site.
FAQ logistique ne peut donc en aucun cas être considéré comme responsable de leurs contenus. Pour toute question relative à un communiqué, nous vous invitons à vous rapprocher directement de la société concernée.


