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Automatisation d'entrepôt, un luxe nécessaire? - FAQ Logistique

  INTERVIEW

‘‘La pérennité d’un système d’automatisation est liée à sa flexibilité.’’ C.LEDOUX, Boa Concept

Mme Chantal LEDOUX, Directeur Général de Boa Concept

Interview de Mme Chantal LEDOUX, Directeur Général de Boa Concept
Réalisée le 18/04/2013 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Automatisation d’entrepôt, un luxe nécessaire ? ».



Quel est selon vous le facteur clé de succès pour la réussite d’un projet d’automatisation ?

Je pense que dans un projet d’automatisation d’entrepôt, la capacité à totalement s’adapter aux évolutions des besoins du client est le facteur clé de succès.

En général, l’utilisateur a des besoins qui vont évoluer en termes de volumes et d’organisation.

Ainsi pour qu’un projet soit une réussite dans le temps, il est essentiel que cette mécanisation puisse accompagner le client dans ses évolutions et ne surtout pas les freiner. La pérennité du système est donc liée à sa flexibilité.

Quels sont les facteurs différenciants entre secteurs d’activité ?

Les évolutions ne sont pas les mêmes en fonction des métiers.

Par exemple dans le e-commerce, l’évolution portera sur les volumes. Dans ce secteur les sociétés enregistrent fréquemment des croissances à 2 chiffres.

Chez les prestataires logistiques au contraire, la flexibilité ne tient pas à la croissance mais à l’adaptation aux besoins des chargeurs. Les prestataires vont devoir être en mesure de réagir à des demandes particulières d’un nouveau client qui va les consulter. On est plus sur de l’évolution d’organisation.

Dans des métiers plus traditionnels dans lesquels, on sait à peu près prévoir sa croissance (en général entre 3% et 10% par an). Les besoins en flexibilité vont plutôt porter sur le fait de pouvoir réorganiser complètement son schéma directeur logistique. Il va par exemple s’agir de rapprocher les centres de distribution des centres de production, de multiplier les centres de proximité, etc.


  Autres contributions

Bertrand FAURE, Fives
‘‘ Le client doit prévoir une mobilisation de ses équipes adaptée aux enjeux du projet ’’

Alain BUSSOD, Savoye
‘‘ Dans des régions où les prix du mètre carré sont élevés, la mécanisation s’impose ’’

Hoyame SABER, Jungheinrich
‘‘ Les clients sont de plus en plus exigeants en terme de ROI ’’

Florent BOIZARD, Hardis
‘‘ Il faut éviter qu’une mécanisation trop forte ne limite la flexibilité de l’entreprise ’’

Bertrand JAUFFRET, Cleversys
‘‘ Aujourd’hui, un entrepôt peut s’apparenter à une usine ’’

Julien MONGOIN, Barjane
‘‘ Pour la plateforme Eurocopter Global Logistics, il y a eu une interaction très importante entre la construction du bâtiment et celle du magasin automatisé ’’

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Quels bénéfices le client peut-il attendre de l’automatisation ?

En premier lieu il va obtenir une meilleure productivité. Grâce à la mécanisation, on peut économiser beaucoup de tâches sans valeur ajoutée : trajets à pieds, manipulations manuelles, etc. qui correspondent à autant de temps perdus, non productifs.

A chaque fois qu’un opérateur prend un colis par exemple sur des lignes d’emballage pour l’amener vers une zone de calage, on peut considérer que c’est du temps perdu.
En préparation de commandes, on va permettre à l’opérateur de limiter ses déplacements, de rester dans une zone de travail.

Le deuxième gain va porter sur la fatigue des opérateurs. On parle beaucoup en ce moment des TMS (Troubles Musculo-Squelettiques). Quand les opérateurs effectuent un même mouvement toute la journée, l’effet est généralement dramatique en terme de TMS.

Le troisième gain portera sur la qualité. En même temps qu’on fait du convoyage automatisé, on va mettre des décodeurs, des lecteurs code à barres, RFID. Cette amélioration de la qualité sera en particulier obtenue grâce à la traçabilité.




Vous proposez un convoyeur modulaire pour lequel vous venez de remporter le Prix de l’innovation logistique décerné par le salon Intralogistics dans la catégorie automatisation. Comment votre offre permet-elle de concilier automatisation et flexibilité ?

La caractéristique de notre convoyeur est qu’il se monte et démonte sans coût supplémentaire.

Prenons l’exemple de l’installation d’une ligne. Si il est nécessaire de la démonter pour la modifier ou pour la déplacer, il n’y aura pas de « coût perdu ». C’est-à-dire qu’il n’y aura ni prestation, ni matériel « perdus » puisqu’il n’y a pas de câblage à enlever ou à remettre.

Il n‘y aura pas non plus de test à faire puisqu’il ne s’agira que de « dépluger » et « repluger » les différents éléments.

Ainsi, il n’est plus nécessaire de figer une organisation dés le début puisqu’il ne coûte pas plus cher d’ajouter une extension ou une modification par la suite que de l’avoir mise dès le départ.

Ce n’est pas du tout le cas dans la mécanisation traditionnelle où dès qu’on veut modifier une installation, il sera nécessaire de décabler des éléments et d’en retester d’autres. De nombreuses prestations immatérielles sont alors « perdues ».

C’est la raison pour laquelle, on peut se permettre de commencer par ne traiter que le premier point dur. Une fois ce premier point dur passé, on peut commencer à étendre le système. En gagnant en flexibilité, on permet de construire en méthode Agile : on traite un point, on le valide, puis on agrandit le périmètre de l’action.

On peut alors se permettre de concevoir une installation, de la démonter si nécessaire (par exemple dans le cas d’une évolution des besoins) et de la remonter autrement.


Existe-t-il des seuils volumétriques (nombre de commandes / jour, nombre d’articles en stock, etc.) à partir desquels l’automatisation devient pertinente économiquement ?

En mécanisation traditionnelle, on considère généralement qu’il est difficile de mécaniser en dessous de 1.000 colis par jour.

Aujourd’hui avec des solutions modulaires plus flexibles telles que celle que nous proposons, ces seuils évoluent. En effet, plus les solutions sont modulaires, plus on va faire descendre cette limite. Avec notre offre, nous considérons ainsi pouvoir être pertinents à partir de 500 colis / jour. L’investissement sera lui aussi beaucoup plus modulaire.

En mécanisation traditionnelle, on est obligé d’équiper l’ensemble. Il est conseillé d’éviter les modifications pour les 2 ou 3 ans qui suivent.

Avec un système modulaire, on va ouvrir la possibilité de procéder très rapidement à des extensions et à des modifications.

Avec notre solution, on peut commencer à traiter une petite partie de la ligne. Par exemple chez certains acteurs, ce sera toute la partie emballage / expédition. Chez d’autres, ce sera d’abord la préparation de commandes. L’idée est de commencer par traiter le « point dur ». Celui-ci peut donc être traité à partir de 500 colis par jour.


Quel budget faut-il prévoir pour mettre en place vos convoyeurs?

Pour des premières installations d’une petite ligne pour des opérations d’emballage, d’envoi automatique des colis vers des machines de fermeture, de calage et de tri, on va commencer dans des budgets qui sont entre 30 et 50 K€.

De manière générale, nous sommes sur des tarifs qui sont dans une fourchette comprise en 1.000€ et 2.000€ du mètre en fonction du nombre de gares, de déviateurs, etc.


Quid des retours sur investissement ?

Ils sont très rapides par rapport à ceux d’une mécanisation traditionnelle où les ROI ne sont jamais en dessous de 2 ans ½.

Avec nos systèmes, il est possible de s’affranchir d’un investissement visant à traiter la totalité de la ligne. Nous allons au contraire commencer par le point dur. La rentabilisation pourra ainsi se faire en une année.


Comment un client doit-il s’organiser pour mener à bien un projet d’automatisation ?

Il convient bien sûr d’intégrer l’utilisateur puisque c’est lui qui vit au quotidien l’installation.

Il convient également d’apporter une compétence logistique qui va pouvoir imaginer une prospective. Cette personne devra bénéficier d’une vision globale du flux logistique. Il peut s’agir d’une ressource interne chez le client ou d’un conseil extérieur. C’est d’ailleurs également un rôle que nous pouvons assumer. Sur des projets que nous sommes en train d’étudier, c’est nous qui faisons cette étude là.

Enfin, à chaque étape, il convient de vérifier que ce qui a été fait répond bien aux besoins. Cet organe de validation doit en particulier comprendre des utilisateurs. Il s’agit de procéder par incrémentation.


En savoir plus sur la méthode AGILE

Les méthodes AGILE, évoquées dans l’entretien par Madame LEDOUX, commencent à être utilisées depuis quelques années en informatique même si elles ne se limitent pas à ce domaine.

Pour un système informatique, les quatre grandes étapes traditionnelles sont :
- la spécification
- le développement
- la phase de tests
- la mise en route

Les méthodes AGILE sont des méthodes itératives avec lesquelles on spécifie un « petit morceau » qu’on développe et met en route. En fonction du retour d’expérience de l’utilisateur, on adapte éventuellement ce « premier morceau ». C’est une fois qu’on est satisfait du fonctionnement de ce « petit morceau » qu’on passe au « petit morceau » suivant.

Pour utiliser ces méthodes, il convient de respecter un certain nombre de règles en matière de gouvernance répondant aux questions suivantes : comment récupérer le retour d’expérience des utilisateurs ? Comment piloter le projet ? etc.


Pour aller plus loin


Bio Express

Chantal LEDOUX a été Directeur des Ventes chez SAVOYE et Président a-SIS du même Groupe. Depuis Avril 2012, Mme LEDOUX est Directeur Général de Boa Concept dont elle est co-fondatrice.

Site Internet de Boa Concept : www.boa-concept.com


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