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Transport : concilier productivité et service

INTERVIEW

‘‘Permettre la visibilité de la réalisation des opérations de transport à travers une solution de type réseau social’’ J. BOUR, DDS Logistics


Jérôme BOUR, Directeur de DDS LogisticsInterview de Jérôme BOUR, Directeur de DDS Logistics.
Réalisée le 01/09/2017 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Transport : comment concilier productivité et service ? ».


Quels sont les enjeux actuels associés au transport ?

Nous constatons une montée très forte des attentes en termes de qualité de service. En effet, le niveau d’exigence que nous avons tous en tant que consommateurs particuliers des sites e-commerçants change aujourd'hui la donne et se généralise désormais à l’ensemble des activités B to B.

  Autres contributions

Alexia NARVOR, Marketing Manager Transporeon
‘‘La qualité des opérations de transport par leur digitalisation’’

Grégoire GARCIA, Responsable développement commercial chez KLS TRANSPORT
‘‘Une solution informatisée pour tenir les objectifs de coûts et de service  ’’

Olivier SCHULMAN, Responsable du Développement TMS d’a-SIS
‘‘Le service transport est devenu un centre de profit pour l'entreprise ’’

Jérôme GABALDE, Directeur Commercial d’Acteos
‘‘Le prédictif et le temps réel pour des opérations transport performantes ’’

Nathalie TAILLEFER, Directrice Générale de Clovis Location
‘‘La location du moyen de transport pour assurer la continuité de service ’’

Sont ainsi impactés différents facteurs : les délais de livraison, la visibilité des opérations, la sécurisation du fret et les coûts de la prestation.

  • Les délais de livraison

Le sujet est délicat, il y a un équilibre à trouver. Autant dans le e-commerce, on tend vers une livraison quasi instantanée, autant en B to B, c’est avant tout le respect de la promesse du créneau de livraison qui importe. Être livré en 4 heures quand vous avez une usine qui fonctionne en flux tendus n'a aucun intérêt. Une livraison à l’avance peut au contraire plutôt constituer un facteur de perturbation.

  • La visibilité des opérations

Les entreprises souhaitent donc être rassurées sur la capacité de leurs fournisseurs à respecter la promesse de livraison dans le bon créneau. Cela se répercute sur leur volonté de pouvoir être informées en quasi-temps réel sur la bonne réalisation de l’opération de transport et en particulier de pouvoir être alertées en cas de problème. Ce qui compte ce n'est pas seulement de s'assurer que le train est arrivé à l'heure, mais également d'être prévenu en amont de son retard.

Cette visibilité qui est relativement facile à appliquer dans le e-commerce en B to C l’est beaucoup moins dans le B to B. La principale raison tient au fait qu’il est plus simple pour les e-commerçants d’offrir un tel service à leurs clients. En effet ces sociétés s’appuient généralement sur de gros acteurs de type messagers ou expressistes qui ont la capacité de remonter aux clients de leurs clients les éléments de visibilité.
Dans le B to B, au contraire, le panel de prestataires utilisé est très fractionné avec des acteurs de toute taille, des ruptures de charges, de la sous-traitance en cascade ... la réponse à ce besoin de visibilité en temps réel est autrement plus complexe à traiter.

  • La sécurisation du fret

Les attentes sont également de plus en plus élevées en termes de sécurisation du fret, ce qui n'était pas vraiment un sujet il y a encore 4 ou 5 ans. Il y a en effet un état d'esprit ambiant lié à la menace terroriste et au fait que nous sommes dans une société dans laquelle l'impression de risque est, à juste titre, très forte.

Nous l'avons d'abord constaté dans les secteurs avec une sensibilité marquée du produit (luxe, produits sensibles dans la chimie ou la pharmacie, etc.).

C'est désormais quelque chose qui est train de se généraliser à des clients qui expédient pourtant des produits dont la valeur unitaire est faible, sans réel risque de vol.

En conséquence, les entreprises se protègent de plus en plus, ne laissent pas entrer quelqu'un dans leurs murs sans surveillance ou contrôle préalable, etc.

Cette exigence de sécurité a également entraîné la réalisation d’actions supplémentaires dans les process et peut donc potentiellement dégrader la productivité des entreprises.

  • Les coûts de la prestation

Dans le même temps, la pression sur les prix reste au même niveau. Toujours en rapport avec l’influence du e-commerce, les clients ne sont pas habitués à devoir payer un prix élevé pour la livraison de leurs commandes. Les effets de la crise de 2008 se font d’ailleurs toujours sentir en termes de pression sur les prix et par conséquent sur les marges.

L'enjeu est donc de répondre à ces différentes attentes de qualité de service tout en maitrisant les coûts et en particulier la masse salariale. Bref faire mieux avec moins. Pour y parvenir, il est possible de s’appuyer sur la technologie et sur l'optimisation organisationnelle.  




Quel type de solution adopter pour répondre à l’exigence de visibilité des opérations de transport ?

Ce sujet favorise clairement la digitalisation du secteur du transport. L'enjeu aujourd'hui est d'intégrer l'écosystème de l’entreprise dans des solutions collaboratives qui vont associer les 3 types de parties :

  • Les chargeurs qui fournissent les produits,
  • Les prestataires tout au long de la chaine,
  • Et le client qui lui-même peut être ramifié sur plusieurs niveaux.

Pour obtenir cette visibilité, il est en effet indispensable de sortir des 4 murs de l'entreprise et de s’assurer que la digitalisation couvre le process de livraison de bout en bout.

L'enjeu est de faire travailler l'ensemble de ces acteurs sur un système unique : une plateforme d'échange d'informations unique.

La difficulté en B to B est qu’aujourd'hui, un nombre significatif de grands groupes, une très grande majorité de prestataires dans le mid-market ainsi que l’ensemble des petits acteurs n’ont pas les moyens de directement gérer cette digitalisation. Or, à mon sens, la solution ne peut être que là.

C’est pourquoi, à travers la plateforme collaborative Join2ship, nous donnons les moyens à l’ensemble des entreprises de partager l’ensemble des informations et notamment aux petits transporteurs qui peuvent offrir à leurs clients et aux clients de leurs clients les mêmes niveaux de services que les gros acteurs. Par la simple utilisation de leurs téléphones mobiles, ils ont la capacité de fournir une visibilité en temps réel de la réalisation de la livraison et surtout d’anticiper les problèmes.


En termes de productivité, qu'est-ce que ces éléments de collaboration vont apporter ?

Une solution de collaboration va avoir deux effets positifs sur la productivité de l’entreprise.

Tout d’abord, passer à une gestion informatisée des échanges avec les transporteurs et les clients va permettre de réduire drastiquement les temps administratifs nécessaires à la réalisation de ces tâches. Aujourd’hui, lorsque vous êtes chargeur et que vous affrétez, vous devez vous assurer que vos transporteurs ont bien la capacité à prendre votre fret, leur communiquer des ordres, etc.
Tout cela se fait généralement à travers des échanges d’e-mails, l’utilisation du fax et du téléphone.

De la même manière, pour communiquer les informations sur les livraisons aux clients, le travail est très chronophage. C'est souvent le rôle des Customer Services de fournir cette information au client en allant la pécher à droite et à gauche et en agrégeant les données collectées pour donner de la visibilité au client.

Avec une solution collaborative informatisée, il y aura un gain administratif important puisque tout sera automatisé. Le système va chercher l'information, permettre de s'assurer qu'elle est bonne et la transférer au maillon suivant.

Ensuite, avec l’utilisation d’un tel système il devient possible d’adopter une démarche plus proche du pilotage, sans pour autant avoir à surveiller 100% du flux. C'est-à-dire que la solution est en mesure d’identifier les problèmes et les exceptions. Les équipes du chargeur peuvent se concentrer sur celles-ci plutôt que de s’éparpiller sur des sujets qui ne le justifient pas.
Le système va pouvoir indiquer que sur 98% du flux les choses se sont bien passées et traitera ces cas en automatique. Il identifiera également les 2% des cas qui nécessitent une intervention humaine à plus forte valeur ajoutée. Cette capacité à délivrer de la gestion par exception est aussi un élément de productivité. 

Ce sont les deux principaux effets bénéfiques des solutions collaboratives.


Vous l’avez évoqué, vous adressez ce nouveau marché avec la solution collaborative Join2Ship. Comment est né ce projet ?

DDS Logistics maitrise historiquement la brique TMS, celle-ci étant très orientée sur les aspects de réduction de coût et de productivité à l'intérieur de l'entreprise cliente, si on est côté chargeur.

Join2Ship est un projet qui a émergé à travers un incubateur que nous avons monté en interne. Il doit permettre de traiter la question suivante : comment répondre, au-delà du TMS, à cet aspect de service au client ?

Nous sommes partis sur un modèle de plateforme de type réseau social. L’idée est donc d'associer l'ensemble des acteurs intervenant dans le process de livraison, quelles que soient leurs tailles et les systèmes d’informations qu’ils utilisent déjà par ailleurs.

Join2Ship est donc une plateforme de visibilité en temps réel sur laquelle, à la fois, le chargeur/expéditeur, son client, le transporteur au sens large avec en particulier ses sous-traitants ou des transporteurs multiples avec des ruptures de charges, vont pouvoir se connecter.

Toute information que le chargeur va mettre à disposition sur la plateforme ou que ses transporteurs auront remontée est immédiatement visible par l’ensemble des acteurs concernés.

La solution permet en particulier de gérer la livraison sur rendez-vous. C'est-à-dire le point de départ de la relation entre le chargeur et son client.

L’enjeu est de taille en B to B. En effet, les entreprises clientes peuvent attendre dans une même journée une multitude de livraisons. La problématique pour l’entreprise cliente est dès lors d’organiser son flux de réceptions afin d'éviter les phénomènes de saturation et d’attentes associés.

La tâche incombe alors également aux fournisseurs qui doivent y consacrer de nombreuses ressources pour appeler les clients, transmettre les ordres aux transporteurs afin qu’eux-mêmes prennent les rendez-vous avec les clients, etc. Ce sont des tâches chronophages sur lesquelles la productivité est très faible.

Dans cette logique de "réseau social ", l'idée est de donner les moyens aux clients de lisser l’activité sur la journée en gérant simplement un agenda basé sur les caractéristiques et les capacités de réception des différents quais et ceci tout au long de la journée.

Cet agenda va être partagé au sein du réseau et va être ouvert à tous les acteurs, qu’ils soient connus ou pas.

En complément, tout le travail sur les exceptions que j’évoquais à l’instant est également aussi intégré nativement à la plateforme. Les sujets sur lesquels le chargeur doit agir sont ainsi mis en lumière.


Comment concrètement utiliser la solution ?

La solution est uniquement accessible à travers le cloud. Elle a été conçue dans un principe de Webservices ouverts. Elle peut donc être pluggée à d'autres solutions et être utilisée en complément d'un ERP ou d’un TMS (le nôtre ou celui d'un confrère).

Mais elle peut également être utilisée de manière complètement indépendante, ce qui correspond à une vraie force dans la mesure où nombre d'entreprises qui n'ont pas de TMS, ont tout de même ce besoin immédiat de collaboration.

À partir du moment où un chauffeur a du fret en main et que celui-ci est identifié à travers l’utilisation d’un QR code Join2ship, il peut remonter de l'information de traçabilité en utilisant la solution sur son téléphone portable. L’information est alors immédiatement visible en temps réel par l'ensemble des parties.

Dans cette ouverture réside l’intérêt de la solution par rapport au TMS. Alors qu’un TMS va raisonner avec les seuls transporteurs connus, Join2Ship va pouvoir fonctionner avec l’ensemble des transporteurs et de leurs sous-traitants même s'ils n'ont pas été préalablement renseignés dans le système.


La solution Join2Ship permet-elle également d’effectuer du reporting a posteriori ?

Tout à fait, et ceci à deux niveaux.

D’abord, la plateforme intègre par elle-même des éléments de reporting sur le réseau social de l’utilisateur : visibilité de l'ensemble des éléments qui sont échangés avec les uns et les autres.

Ensuite, il est possible d’extraire de l'information pour alimenter des Datawarehouses externes et combiner les données dans une vision plus large que celle du simple transport. Par exemple pour mesurer un taux de service complet de bout en bout de la production jusqu'à la livraison client.


Revenons à l’exigence de sécurité du fret que vous évoquiez en début d’entretien, que peuvent concrètement faire les chargeurs ?

Cette attente renforce là encore la nécessaire collaboration entre les acteurs.

Le seul moyen aujourd'hui pour ne pas dégrader la productivité sur ces opérations de sécurité c'est de les anticiper. C’est-à-dire de faire en sorte de donner les moyens à ceux qui vont réaliser ces contrôles et à ceux qui sont contrôlés, de faciliter cet échange d'information, le plus en amont possible.

Prenons le cas typique d’un transporteur qui sous-traite une opération. Si le sous-traitant n’est pas connu du client chez lequel l’enlèvement a lieu, tout un process va devoir être appliqué qui va engendrer des temps d’attente et donc une dégradation de la productivité.

Aujourd'hui, la technologie permet de recueillir cette information en amont : d’informer le client de l’identité du chauffeur qui doit se présenter et de l’immatriculation de son camion. Si toutes ces informations sont connues en avance, la phase de contrôle sera quasi immédiate.


Que proposez-vous à vos clients pour vous assurer de la confidentialité de leurs données ?

Depuis quelques années, s’est opérée sur le marché une bascule très forte vers des solutions en mode SaaS, en particulier pour des questions de sécurité informatique.

Le fait que le TMS soit par nature dans une approche ouverte vers les transporteurs renforce cet aspect de risque.

Nous avons donc intégré à notre portefeuille de compétences l'hébergement sécurisé. Nous mutualisons d'une certaine manière un niveau de sécurité informatique supérieur à ce que l'entreprise fait habituellement par elle-même.


Pour aller plus loin


Bio Express :

Jérôme BOUR a pris la Direction de DDS Logistics en 2000, leader du TMS. Il a auparavant occupé les postes de Directeur Informatique du Groupe DAHER, de Responsable de l’organisation et des systèmes opérationnels chez DHL et de Consultant chez Ernst & Young.

Site Internet de DDS Logistics : www.ddslogistics.com

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