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Performance entrepôt, comment l'optimiser ?

INTERVIEW

‘‘À l'entrepôt 4.0 doit correspondre l'intégrateur 4.0 ’’ L. DELAITRE, Savoye


Loïc DELAITRE, Directeur Expertise Logistique de SavoyeInterview de Loïc DELAITRE, Directeur Expertise Logistique de Savoye.
Réalisée le 23/05/2017 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Performance entrepôt : comment l'optimiser ?».



Vous êtes à la tête du Département Expertise Logistique de Savoye. Quelle en est la mission ?

Nous intervenons en tant que conseil auprès des entreprises que nous accompagnons autour de réflexions aussi bien opérationnelles (amélioration des systèmes logistiques et de production) que stratégiques (schéma directeur global, refonte de process, organisation générale).

  Autres contributions

Agnès VINCENDEAU, Directrice Commerciale de BK Systèmes
‘‘ La satisfaction client comme principale mesure de la performance de l’entrepôt ’’

Isabelle BADOC, Supply Chain Solutions Marketing Manager chez Generix Group
‘‘ Le pilotage en mobilité pour optimiser la performance de l’entrepôt ’’

Florent BOIZARD, directeur de la Business Unit Reflex chez Hardis Group
‘‘ Les entrepôts constituent désormais l’interface entre l’entreprise et ses clients finaux ’’

Sébastien SLISKI, General Manager Collaborative Supply Chain Solutions de Zetes
‘‘ Le coût n’est plus qu’un critère… ’’

Savoye étant intégrateur, nous bénéficions d’une grande expérience dans la mise en place de solutions et faisons preuve de pragmatisme. Nous sommes jugés sur les gains réels et mesurés, ce qui est fondamental en termes de justification à la Direction.

Aujourd’hui, nous bénéficions d’un taux de fidélité de nos clients exceptionnel. Ainsi, 97% d'entre eux nous ont à ce jour renouvelé leur confiance.

Notre équipe est composée d’experts qui ont pu capitaliser sur un grand nombre d’années d’excellence opérationnelle et de pratique des concepts Lean.

À l’origine notre périmètre d’intervention concernait essentiellement l'intralogistique et s'est progressivement étendu au fil du temps.

Néanmoins, si nous en avons dépassé le seul cadre de l’entrepôt, la mutation de ses fonctions demeure au cœur de notre business.


Vous venez d’évoquer la mutation des fonctions de l’entrepôt. Quel rôle ce dernier joue-t-il aujourd’hui ?

L’entrepôt constitue désormais un maillon essentiel de la stratégie commerciale des sociétés sur lequel la valeur ajoutée est requise.

Un certain nombre d’opérations auparavant assurées par la production y sont aujourd'hui effectuées. L’objectif est en particulier de permettre aux entreprises d’effectuer de la différenciation retardée.

Pour illustrer mon propos, je peux évoquer deux exemples.

  • Prenons les distributeurs de lingerie. Les produits sont globalement les mêmes, quels que soient les pays de destination, cependant certains facteurs vont varier d’un marché à l’autre : chartes graphiques, contraintes par rapport à des religions ou cultures, facteurs marketing, etc.

    La différenciation retardée permettra alors de s’affranchir d’une gestion par référence et de l’important niveau de stock en résultant.

    Les opérations qui pourront dès lors être réalisées par l’entrepôt en fonction des marchés de destination sont : retourner le prix, en étiqueter un nouveau, éventuellement dans une autre monnaie, cacher la photo d’une femme en soutien-gorge, etc. Toutes participent du développement commercial de la société.
  • Pour le compte des e-commerçants de manière générale, l’entrepôt œuvre à la spécialisation par marque en dernière minute au niveau des emballages en assurant des fonctions du type : ajout de goodies, de flyers, personnalisation des coiffes cartonnées, etc.

    Il s’agit d’une part de différencier les marques les unes des autres alors même que les produits distribués peuvent être les mêmes et d’autre part d'autoriser la réalisation d’opérations marketing ciblées en fonction des destinataires.

Toutes ces tâches sont consommatrices de temps, il est donc nécessaire d’utiliser des outils industriels adéquats permettant la mutualisation des flux afin de s’assurer que le coût de leur exécution ne soit pas supérieur à la rétribution financière que l’entreprise peut en tirer.

On parle ainsi dorénavant d’entrepôt 4.0.

L’objectif est à la fois d’atteindre une rentabilité suffisante et de faire bénéficier la chaine logistique d’une visibilité sur l’activité de la plate-forme (traçabilité des flux et recueil d’informations).

Les systèmes se complexifient donc. De notre côté, nous nous devons d’accompagner nos clients dans la définition d’une cible réaliste et dans la mise en œuvre de nouvelles technologies et processus adaptés.




Quels sont les impacts de ces mutations sur la population travaillant au sein de l’entrepôt ?

Jusqu’à récemment, le personnel de l'entrepôt était encore assez peu qualifié.  Le développement de ces missions de différenciation exige désormais une montée en compétence des opérateurs.

Pour préparer une commande, ils devront par exemple biper les articles, gérer un scan au doigt, être interfacés avec un système d'informations en direct, éventuellement corriger des éléments sur le logiciel en question, etc.
 
De même, les outils utilisés dans le cadre de l’entrepôt 4.0 peuvent requérir des maintenances qui vont nécessiter des qualifications particulières.

Il est à ce titre important que l’entreprise soit accompagnée pour que la qualification du personnel soit effective.

C’est pourquoi notre département expertise est à même de construire un plan de formation en collaboration avec les Ressources Humaines de nos clients. Il s’agit de s’assurer de la bonne appropriation des nouvelles technologies et de la montée en compétences du personnel tout au long du projet.


La comparaison de deux entrepôts est-elle possible ?

La performance de l’entrepôt se mesure par rapport au métier, au secteur d'activité et au niveau dans lequel il se situe vis-à-vis de la supply chain de la société.

Il est donc très difficile de comparer deux plates-formes, d’autant plus que le périmètre des opérations de différenciation peut faire basculer la productivité du tout au tout, ce qui est par exemple le cas dans l’exemple de la lingerie évoqué en début d’entretien.

Néanmoins, notre expérience et la diversité des sujets que nous avons pu traiter nous ont permis de capitaliser sur des abaques. Ainsi, une visite client associée à la récolte de données nous autorise à estimer très rapidement les potentiels de progression sur les aspects process, stratégiques, fonctions connexes, etc.


Justement, quelles pistes suivre pour améliorer la performance de son entrepôt ?

Nous considérons que les trois principaux facteurs sont liés à la qualité du système d’informations et à l’ergonomie des postes de travail.

  • Un outil de préparation de commandes en adéquation avec les flux

Il ne suffit pas d’avoir l’outil dernier cri, il est nécessaire de gérer une activité logistique avec l’outil qui permettra les performances les plus optimales. Cette adéquation peut être caractérisée par un travail d’ingénierie des flux et de conception de la solution industrielle : équilibrage de charge, étude des besoins (surfaces, meubles logistiques), détermination du process, estimation des productivités, etc.

La remise en question d’un outil industriel est souvent légitime après quelques années, car les contraintes et l’évolution exponentielle des entreprises sur certains segments de marché obligent à repenser l’outil et à le challenger. Cette remise en question permet d’élaborer de nouveaux projets d’évolution qui amèneront la capacité de traitement et la performance de l’entrepôt au plus haut niveau.

  • Système d’informations

Disposer des bonnes données au bon moment est un prérequis. Encore faut-il pouvoir les exploiter correctement à travers des outils d'analyse efficaces.

En effet, entre le schéma fonctionnel théorique et l'opération il y a très souvent un écart conséquent. L'analyse des données est alors clé pour pouvoir bénéficier d’une photographie fidèle de l’activité de l'entrepôt.

Il s’agit ensuite d’utiliser les technologies qui permettent de remonter l'information dans une couche informatique de type WMS ou WCS. Ces derniers traitent les données et restituent les indicateurs pertinents à partir desquels l’entreprise peut évaluer et suivre sa performance. 

Le WMS est fondamental. Il apporte traçabilité et gestion des flux et évite la réalisation d’un certain nombre d’opérations inutiles (les Muda de la culture Lean). Par ailleurs, le développement des technologies porte le WCS vers des fonctions d’analyses de plus en plus fines et conséquences.

  • L’ergonomie

La logistique est un métier difficile. L'ergonomie est un enjeu clé dans l’entrepôt 4.0. C’est pourquoi Savoye a fait le pari de proposer à travers ses systèmes goods-to-man  (Intelis PTS) une organisation qui associe une référence à une commande unique. 

L’objectif est d'éviter que les opérateurs ne subissent une charge mentale trop forte. Nous considérons qu’il n’est pas possible de suivre une cadence élevée quand le préparateur doit servir n articles pour n commandes. En effet, dans ce cas il est confronté à la réalisation de mouvements en dehors des zones de confort (par exemple la manutention d’une charge au-dessus de l’épaule), ce qui génère invariablement des arrêts et des accidents de travail.

On retrouve le même credo d’ergonomie avec Jivaro, notre machine qui forme les cartons automatiquement en les découpant de manière à minimiser l'espace vide situé au-dessus de l'article le plus haut dans le colis. Des colis moins volumineux sont plus simples à manipuler. Cela permet en outre d’optimiser la composition des palettes, d’agir sur les expéditions, sur la manutention et les consommables.

Une meilleure ergonomie, c'est au final une productivité accrue.


Quels types d’outils utilisez-vous pour mener vos missions ?

Tous les outils que nous utilisons sont développés par nos soins de A à Z par rapport aux problématiques de nos clients, généralement parce que nous n'avons pas identifié sur le marché de produits correspondant à leurs besoins spécifiques.

30% de l’effectif du département expertise est ainsi dédié à la création et à la maintenance d'outils.

En particulier pour l’entrepôt, nous avons développé une solution de slotting / mapping qui permet de prendre en compte les contraintes du client du type :

  • Ne pas positionner des produits des marques A et B les uns à côté des autres,
  • Ne pas placer des références d’une même couleur dans des emplacements proches,
  • Ranger les articles lourds dans des emplacements ni trop bas ni trop haut pour assurer le confort de l'opérateur,
  • Etc.

Quels sont les objectifs de ces outils de slotting / mapping ?

L’objectif est à la fois :

  • De positionner les références de manière à minimiser les déplacements des opérateurs dans l’entrepôt
  • Et de les affecter aux bonnes typologies d’emplacements en fonction de la place disponible et des dimensions physiques des articles.

Avec notre outil, nous avons ainsi fait gagner jusqu’à 54% de productivité à nos clients.

Une nouvelle fois, l’enjeu de l’ergonomie est important. Les opérateurs sont contents de parcourir moins de kilomètres et sont du coup plus enthousiastes et donc plus performants.

Pour un investissement de quelques milliers d'euros dans une mission de ce type, les gains associés sont de plusieurs centaines de milliers d'euros.


Quelle démarche propose le département Expertise Logistique dont vous êtes le Directeur ?

Nous ne sommes pas vraiment dans un système du type client – fournisseur, mais plutôt dans une logique d’accompagnement. Il nous arrive ainsi de participer aux comités de direction des clients en tant que conseil externe neutre.

Notre rôle est alors de leur fournir l'ensemble des scénarios à la fois opérationnels, mais aussi stratégiques.

Y sont associés des chiffrages d’investissements et de gains correspondants.

Ces scénarios sont ensuite évalués sur la base de critères (coût, délais, difficulté de mise en place, productivité, etc.) et nous les phasons sous forme de schémas directeurs.

Nous déclinons ainsi les bonnes pratiques du quick win (ce qui est facilement implémentable avec du gain tout de suite) jusqu'à la refonte stratégique de l’organisation.

Une fois les résultats validés en atelier par le client, celui-ci se positionne sur un GO / NO GO et nous pouvons éventuellement être missionnés pour mettre en place les actions retenues, ce qui nous distingue de la plupart de nos confrères.

Vient alors la gestion du projet avec l’accompagnement du prestataire qui peut être Savoye ou un autre pour une montée en compétence et une montée en charge de l'outil afin d’accélérer le ramp up logistique.


Décrivez-nous brièvement le métier de Savoye.

Savoye est un intégrateur de solutions globales proposant en particulier :

  • Avec Prodex, des solutions de stockage (racks, dynamiques, casiers, etc.) et de convoyage avec un pilotage très simple
  • Avec a-SIS, des solutions logicielles WMS, WCS, TMS, OMS aussi bien adaptées aux petites entreprises qu’aux groupes multisites ayant des projets d’automatisation, de robotisation et de mutualisation.
  • Avec Intelis et son système PTS (Picking Tray System), des équipements de type Goods to Person dans lesquels la marchandise arrive de manière séquencée aux opérateurs sur leurs postes de travail pour un transfert des produits dans le colis utilisé pour préparer une commande unique.

Savoye est bien entendu en mesure d’intégrer d’autres éléments externes. Il s’agit avant tout d’analyser en profondeur les problématiques du client et de l’accompagner intellectuellement. Notre vision est qu’à l'entrepôt 4.0 doit correspondre l'intégrateur 4.0.


Comment se positionne le département Expertise Logistique par rapport au métier de Savoye ?

Directement rattaché à la Direction Générale, le service Expertise Logistique ne dépend pas de la Direction Commerciale. Nous ne sommes donc pas des « vendeurs de matériel ».

Nous sommes là pour éclaircir une décision, peu importe le concept ou la solution qui sera finalement retenue.

Savoye en tant qu’intégrateur ne pourra donc se positionner que si elle est capable de répondre à un projet validé par le client.


Pour aller plus loin


Bio Express :

Diplômé de l'École des Mines de Paris, Loïc DELAITRE est Directeur Expertise Logistique, service qu’il a créé après avoir rejoint la division SAVOYE en 2013.

Entre 2008 et 2013, Loïc DELAITRE était chercheur / enseignant à l'École des Mines de Paris sur les thèmes du génie industriel (planification de la production, de la logistique et du transport, lean manufacturing).

Site Internet de Savoye : http://www.savoye.com/


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