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Dossier thématique sur l'innovation logistique

  INTERVIEW

‘‘Si tu ne viens pas à l'étagère, l'étagère ira à toi’’ O.ROCHET, Scallog

Olivier ROCHET, Fondateur de la société Scallog

Interview d'Olivier ROCHET, Fondateur de la société Scallog
Réalisée le 13/02/2014 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « L’innovation au cœur de la logistique ».



Présentez-nous votre société Scallog et le système d’étagères mobiles que vous avez développé.

Scallog est une jeune entreprise qui compte une dizaine de collaborateurs. Notre société est le fruit d’une alchimie entre ingénieurs très portés vers les nouvelles technologies et un « board » d’experts en logistique ayant chacun plusieurs dizaines d’années d’expérience dans le secteur.

  Autres contributions

Jean-Pierre GAUTIER, ACSEP
‘‘ En logistique l’innovation est une obligation’’

Alain BUSSOD, Savoye Europe
‘‘ Dans l’entrepôt les innovations doivent permettre d’améliorer l’ergonomie des postes de travail ce qui permet in fine de lutter contre la pénurie des ressources humaines’’

Didier GUARISCO, Chrymelie
‘‘ Une démarche collective d’adhésion à l’innovation doit être formalisée à travers des processus d’amélioration continue’’

Michel WATERSCHOOT, Descartes
‘‘ Avec nos différentes innovations, nous sommes en mesure de répondre aux problématiques transport de nos clients’’

Christophe REYNAUD, MGI
‘‘ Avec l’innovation, il s’agit de permettre à nos clients de gagner du temps en leur proposant des solutions avant même l’expression de leurs besoins ’’

Isabelle LAMBERT, AFNOR
‘‘ Aujourd’hui il est rarement possible de pouvoir innover tout seul ’’

Pour développer notre système, nous sommes partis du constat que les modèles de vente se recomposaient. Les logisticiens doivent relever plusieurs défis. Habitués à livrer des commandes massives et homogènes sur un nombre restreint de points de vente, ils doivent désormais s’adapter au traitement de marchandises unitaires et très variées ainsi qu’à la livraison de petits colis à une multitude de destinataires.

D’autre part nous avons identifié un paradoxe : alors qu’avec une activité en développement se pose inévitablement la question de l’automatisation pour réduire ses coûts, les risques de rigidité que celle-ci introduit dans l’organisation en limite fortement le développement.

Fort de ces constats, nous avons développé un système d’automatisation de préparation de commandes «goods to man» qui déploie une flotte de robots mobiles et intelligents.


Quel en est le principe ?

Le principe est simple : les robots se glissent sous les étagères puis les soulèvent pour les transporter vers des postes de préparation. L’opérateur à poste fixe n’a plus qu’à prélever les produits et à préparer les commandes sans aucun déplacement. Pour ce faire il est guidé par un écran de préparation qui lui indique quels produits prendre dans l’étagère et dans quel colis les disposer.

Il n’est ainsi plus nécessaire pour le préparateur de se déplacer vers les étagères, les robots apportant celles-ci sur la station de préparation.

Notre système est complexe dans la mesure où il mélange de l’informatique, de l’électronique, de la mécanique, des mathématiques et surtout beaucoup de logistique.

D’ailleurs avant de savoir quelle technologie serait embarquée dans le robot, c’est avant tout l’aspect logistique qui a été travaillé.

Notre solution s’apparente à une solution développée aux Etats Unis (Kiva Systems). Il s’agit d’un concept encore méconnu en France et en Europe.

Nos analyses ont mis en évidence que cette solution déploie un nombre de robots très important. En conséquence, le système est très vite saturé lors des pics de productivité.

De notre côté nous avons réfléchi le système autrement. Nos travaux de R&D nous ont amenés à déposer un brevet permettant de diviser par 3 le nombre de robots déployés par une solution classique. C’est donc un avantage concurrentiel énorme.




Justement quels sont les bénéfices de votre solution? Quelle est sa valeur ajoutée par rapport aux systèmes de goods-to-man existants sur le marché ?

La solution « Scallog system » est une innovation de rupture face aux solutions d’automatisation du marché.

Nous considérons que l’automatisation ne doit pas constituer une rigidité pour le futur (réimplantation, augmentation des références, variation forte de volumes, variation des structures de commandes...).

Nous nous sommes en effet rendu compte que beaucoup de gestionnaires d’entrepôt reprochent à l’automatisation son manque de flexibilité ou de rentabilité. C’est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui les modèles économiques évoluent extrêmement rapidement et perturbent la visibilité sur l’évolution de leur activité. Ils sont donc à la recherche des systèmes permettant la flexibilité la plus grande possible. C’est notamment le cas pour les prestataires logistiques qui doivent basculer d’un client à un autre et ne savent donc pas de quel système ils auront besoin d’une année sur l’autre.

Ils ont raison, des solutions à plusieurs millions d’euros repoussant le ROI au-delà de 3 ou 4 ans ne sont plus attrayantes aujourd’hui. C’est pourquoi, bénéficiant de l’expérience de plusieurs logisticiens, nous avons pensé et conçu une solution automatisée basée sur une stratégie à trois axes : simplicité, flexibilité et rentabilité.

Les points forts de notre solution d’automatisation sont :

    • la flexibilité,
    • la rentabilité grâce à la haute cadence,
    • la réduction de la surface de stockage,
    • le peu de maintenance nécessaire
    • l’ergonomie.
  1. Flexibilité : l’installation est très facilement modifiable dans la mesure où elle ne nécessite aucune structure fixée au sol. De par sa modularité, notre solution gagne largement en flexibilité face à une automatisation classique. En effet, les automates et les rayonnages sont des modules totalement désolidarisés, interchangeables et modifiables selon les besoins.

    Il n’y a pas de contrainte particulière du sol. Les étagères sont développées à partir de composants standards. Nous avons simplement équipé les étagères de picking que l’on voit classiquement dans les sites de distribution. Il nous suffit donc de déployer notre flotte de robots sans qu’il n’y ait d’attaches au sol.

    Le format actuel est 1000/800 mm sur deux faces accessibles au préparateur. Les niveaux s’adaptent selon la taille des produits de nos clients. Cela permet en particulier d’accueillir des produits suspendus. Nous avons développé une pièce spécifique pour permettre au robot de soulever l’étagère. Notre solution ne se limite donc pas à des bacs 600x400 ce qui peut être le cas dans les systèmes de magasins automatisés actuels.

    Notre système est donc très simple à déployer. En quelques semaines, nous sommes en mesure d’installer un système chez nos clients.

    Ainsi pour une activité en croissance, il suffit d’ajouter des robots, des étagères et des stations. Au contraire, en cas de baisse de volumes, l’opération est inverse.

  2. Rentabilité : Notre ROI est très court. Notre solution peut être rentabilisée en 2 ans dans certains cas. Ce ROI vient des gains sur la productivité obtenue par la diminution des coûts du travail et par la réduction des surfaces.

  3. Gain d’espace : celui-ci est obtenu grâce au fait que les robots peuvent se déplacer dans des allées étroites et par la possibilité de mettre 2 étagères face à face. Une étagère pouvant sortir d’un côté ou de l’autre, il n’est en effet pas nécessaire d’avoir accès aux 2 faces de l’étagère.

  4. Maintenance : Sur notre système, le risque est réparti sur des unités mobiles. Si l’une d’entre elles tombe en panne, l’ensemble du système n’est pas bloqué pour autant. Un autre robot sera en effet en mesure de récupérer les tâches en cours. C’est un point important dans la mesure où il existe en France un frein à l’automatisation lié à la peur de la maintenance (les contrats de maintenance pouvant atteindre des coûts de plusieurs dizaines de milliers d’euros).

  5. Ergonomie : Les opérateurs n’ayant plus à se déplacer, la pénibilité du travail est réduite.

A qui ce système est-il destiné ? A partir de quels seuils de volumes / flux votre système devient-il pertinent ? Quelles sont les typologies de pièces éligibles ?

Notre solution ne se limite pas à un type de marché particulier, cependant elle sera d’autant plus pertinente que l’activité concernera des préparations de commandes simultanées avec de faibles quantités, multi-colis et vers une multitude de destinataires.

Nous nous attachons donc à mener une étude approfondie des profils de commandes traitées par nos clients et à ajuster notre système en fonction des résultats de celle-ci. Par rapport aux profils de commandes, nous mettrons en place notre solution là où sa pertinence est la plus grande.

Notre système sera moins pertinent pour les produits à forte rotation. Par exemple pour une étagère de stockage qui accueille des produits de type classe A.

En revanche pour les sites sur lesquels il y a 50.000 m² d’entrepôt, il va être intéressant de déployer une flotte de robots qui vont réduire les temps improductifs représentés par les parcours des opérateurs dans l’entrepôt.

Nous privilégions ainsi les petits et moyens volumes que l’on peut retrouver dans les secteurs de l’alimentaire, du e-commerce, de l’habillement, des produits culturels, de la cosmétique ou des jeux et jouets.
En résumé dès que l’activité est marquée par un grand nombre de petites commandes, notre système est pertinent. Cela peut donc également concerner un grand nombre d’activités B2B qui requièrent une grande réactivité.


Quelles sont vos perspectives de développement en 2014 ?

Nous avons actuellement déployé notre premier client : la société BSL, prestataire de service logistique spécialisé dans le e-commerce. Notre solution tourne sur la partie cosmétique de leur entrepôt.

Notre objectif est désormais de déployer 2 à 3 plateformes d’ici fin 2014.


Pour aller plus loin


Bio Express

Passionné par l’innovation, les nouvelles technologies et le milieu des start-up, Olivier ROCHET a fondé la société Scallog en Février 2013. Il en est actuellement le PDG.

Ingénieur de formation, il a auparavant travaillé chez l’éditeur de WMS Matrix

Site Internet de Scallog : www.scallog.com/


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