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E-commerce et omnicanal : impacts supply chain

INTERVIEW

‘‘Nous croyons à un entrepôt plus gestionnaire’’ G. GARCIA, KLS


Gilbert GARCIA, Président de KLSInterview de Gilbert GARCIA, Président de KLS
Réalisée le 24/05/2017 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « E-commerce et omnicanal : impacts supply chain ».


Quelles sont les principales tendances qui marquent actuellement le secteur de la distribution ?

La distribution est marquée par le développement du multicanal et de l’omnicanal. En effet :

  • Les distributeurs historiques utilisent désormais leur propre site en tant que plateforme e-commerce tout en maintenant leurs canaux traditionnels de distribution.
  • Les e-commerçants ont de leur côté tendance à intégrer des boutiques physiques et des supports de vente traditionnels.
  Autres contributions

Sébastien SLISKI, General Manager Collaborative Supply Chain Solutions de Zetes
‘‘ Une supply chain efficace pour fidéliser des clients devenus volatiles ’’

Bruno LACOSTE, Responsable Commercial d’a-SIS
‘‘ Les distributeurs doivent affranchir leurs clients des contraintes de positionnement géographique des articles ’’

Livre blanc SIGMA
‘‘ Où en sont les distributeurs dans le déploiement de leur stratégie omnicanal ? ’’

Rapport de recherche Zetes
‘‘ Comprendre le rôle du magasin physique dans un environnement de vente omnicanal ’’

Il devient donc bien souvent nécessaire de combiner des flux aux caractéristiques complètement différentes au sein d’un même entrepôt.

Dans le même temps, les besoins de personnalisation des commandes sont beaucoup plus grands que dans un passé proche et les besoins de réactivité en termes de préparation sont très forts.

En découlent deux tendances de fond :

  • L’essor de la mécanisation. Elle constitue en effet une réponse très performante à la personnalisation des commandes et à la nécessité de préparer les commandes toujours plus rapidement. C’est par exemple la voie qu’ont emprunté deux nos clients du secteur de la distribution : le bijoutier Maty et Système U pour son activité drive

  • Le mariage du WMS avec le TMS. Les clients se rendent compte de l'importance du lien qui existe entre les mondes de l’entrepôt et du transport. En effet, à quoi sert de préparer rapidement une commande si elle reste ensuite deux heures sur le quai ? C'est donc la globalité de la chaine qui doit être prise en compte. Les projets sur lesquels nous nous positionnons sont ainsi moins cloisonnés qu’auparavant.



Comment les entrepôts doivent-ils s’adapter à cette nouvelle donne ?

C’est principalement sur l’ordonnancement et la réception que les changements doivent être opérés.

  • La prise en compte d’un ordonnancement plus fin et plus flexible

D’une part, l’essor de la personnalisation ne permet plus d’ordonnancer à partir de ratios de préparation de commande standard.

D'autre part, on constate un rétrécissement de la vision du portefeuille. L’entrepôt ne peut plus travailler sur un pool de commandes à la journée, mais sur des portefeuilles de quelques heures. Ainsi, alors qu’auparavant, 60 à 70% de l’activité de la journée était connue le matin, ce taux est désormais plus proche des 25 / 30%.

Dans le même temps, le besoin de réactivité est nettement supérieur. Notamment dans les activités de drive pour lesquelles les clients souhaitent par exemple passer leurs commandes à 17h00 afin de pouvoir la récupérer à 18h00 sur le chemin du retour à leur domicile.

  • La nécessaire transformation du poste de réception

Le poste de réception doit désormais disposer d’une souplesse beaucoup plus forte que ce n'était le cas dans le passé. Le multicanal exige en particulier une polyvalence pour intégrer les notions de cross dock et de traitement des retours qui étaient moins présentes auparavant.

Dans le e-commerce, les flux de retours peuvent concerner jusqu’à 30% des commandes, un traitement administratif amont conséquent en découle (le retour est-il accepté ? le produit peut-il être réintégré dans le circuit de commercialisation ? Etc.)

Les postes de réception sont également plus interconnectés avec leur environnement commercial et transport notamment.


Vous avez évoqué la saisonnalité horaire au sein de l'entrepôt, comment permettez-vous aux responsables d'entrepôts de dimensionner leurs équipes ?

Notre module LM (Labor Mangement) nous permet, de façon simple et graphique d'identifier en amont les niveaux de charge par zone d'activité et de pouvoir pré affecter du personnel.
Il ne s’agit pas de descendre à l’individu, mais de réfléchir en termes de ressources globales.


Revenons à l’ordonnancement des préparations, même si la vision du portefeuille s’est rétrécie, la récurrence sur les produits commandés doit pour sa part toujours être bien présente, n’est-il pas alors possible d’anticiper les commandes ?

Il y a deux aspects.

Pour prendre en compte la forte rotation des produits, il convient de jouer sur le slotting. C'est-à-dire de positionner stratégiquement les références qui sont communes à un grand nombre de commandes (exemple pour les drives : eau, lait, etc.).

Ensuite, pour un certain nombre de commandes, l’entrepôt dispose encore de plusieurs heures pour les préparer.
Il s’agit alors de les lancer à l’avance de façon à lisser l’activité de l’entrepôt et de permettre que les commandes de dernière heure puissent être préparées plus sereinement.

Si je reprends à nouveau l’exemple du drive, la commande sera découpée en plusieurs parties (le froid, le sec, etc.), stockée dans une zone dédiée, en attente, puis consolidée une fois que le client se présentera.

Toute la difficulté est de bien dimensionner ce tampon, ce buffer de commandes à préparer en avance.

C’est dans cette perspective que nous avons produit de gros efforts de R&D ces deux dernières années afin de développer notre module SCOP Schedule Optimisation Process qui est un module d'optimisation de l'ordonnancement dynamique, en temps réel.


Vous évoquiez en début d’entretien le mariage du WMS avec le TMS. Votre WMS inclut-il des fonctions transport ?

Oui tout à fait, nous intégrons à notre WMS une partie optimisation du choix du transporteur, facturation, édition d'étiquettes, etc. Il s’agit alors de fonctionnalités utiles aux chargeurs.

Nous proposons également un module de Yard Management pour la gestion de la réservation des quais et gérer l'ordonnancement d'arrivée des camions.
Le produit permet en outre de suivre la ponctualité des camions et le temps passé sur le quai. Il inclut l’analyse d’un nombre conséquent de KPI.

Ensuite pour des fonctions plus poussées du type géolocalisation ou optimisation des tournées, on rentre dans le cadre de notre produit ROUTYN qui est destiné aux transporteurs ou aux sociétés souhaitant optimiser les opérations effectuées par leurs propres moyens de transport.


Pouvez-vous présenter quelques-unes de vos références du secteur de la distribution ?

Nous disposons de nombre de références dans ce secteur.

Je peux en particulier vous citer :

  • PACAPROD (papeterie festive) qui combine distribution dans son réseau de magasins physiques et site e-commerce. Dans leur domaine d’activité, en plus en plus de proposer des délais de distribution de livraison rapide, les entreprises doivent intégrer une forte notion de personnalisation. Les produits sont en effet souvent commandés à l’occasion d’évènements. Ce flux de produits personnalisés est en fait intégré dans le flux de préparation des commandes de produits standards. Cela peut en fait s’apparenter au modèle du kitting, simplement les flux sont beaucoup plus tendus qu'auparavant.
  • DAFY MOTO (équipement moto et scooter) qui distribue ses articles via son réseau de 150 magasins en France et sa boutique en ligne. Ce client a choisi le WMS Gildas WM pour gérer la logistique de son site e-commerce dans un premier temps, avec en perspective la gestion du second site dédié à l’approvisionnement des magasins.
  • MATY (bijoutier) qui vient du monde de la vente par correspondance. Aujourd'hui la grande majorité de ses ventes est effectuée à travers son site e-commerce. Néanmoins, l’entreprise dispose d’une trentaine de points de vente physiques. La préparation des commandes est mutualisée et concentrée sur son site mécanisé de Besançon. Là aussi, l’aspect personnalisation est important. Ces éléments sont directement intégrés dans la chaine de préparation de commandes
  • Système U (grande distribution) qui pour son activité drive est soumis à de fortes tensions de flux et a donc automatisé la sortie des commandes préparées.

Nous avons également d’autres références comme Julbo lunettes qui passe par des distributeurs en plus des ventes effectuées directement depuis son site e-commerce ou deguisetoi.fr qui est un pure player.


Votre solution permet-elle de préparer les commandes directement depuis les magasins ?

Cela s’apparente à quelque chose que nous avons mis en place depuis longtemps dans le monde hospitalier : les pharmacies à usage interne préparent de façon ponctuelle les commandes d'un hôpital à un autre. De même, des unités de soin peuvent à leur tour, pour des cas de dépannage préparer elles-mêmes des commandes pour d'autres unités de soin.
Chacun dispose en fait d’un regard sur les stocks de l’ensemble des groupes hospitaliers.

C’est donc quelque chose que nous sommes tout à fait en mesure de proposer techniquement. Néanmoins, cela ne correspond jusqu’à présent pas à une demande de nos clients distributeurs.


Vous proposez également le module Ophélie…

Il s’agit d’un mini APS, d’un module de prévision de consommation utilisant un moteur Solveur qui est donc basé sur les principes de la recherche opérationnelle.

Trois années d'étude et de recherche ont été nécessaires avant de pouvoir le commercialiser début 2016, d’abord à destination du secteur hospitalier.

Jusqu'à présent les entrepôts ont toujours travaillé à capacité infinie, sous le joug des ERP. Même si l’entrepôt ne dispose plus de place, la marchandise doit être réceptionnée et stockée d’une façon ou d’une autre. Idem pour les préparations.

Or les ERP ont souvent une vision très globale des stocks et en proposent une mauvaise affectation sur un plan local.

Nous croyons de notre côté à un entrepôt plus gestionnaire. L'idée est de casser les chaines. De ne plus uniquement fonctionner en mode maître / esclave.

L'idée de ce module local est donc d’analyser les consommations, les réceptions et le niveau de stock afin de pouvoir remonter au responsable de l'entrepôt des notions d'alerte sur d’éventuels changements de comportement de consommation, sur les références en surstock ou au contraire en risque de rupture.

Les premiers retours sont très bons. Il devient possible de se concentrer sur les 10/15% des références qui présentent des comportements « anormaux ».

Nous ambitionnons donc de faire profiter les mondes de l’industrie et de la distribution de cette fonction qui a été développée à l'origine pour le monde de la santé.


Pour aller plus loin


Bio Express :

Gilbert GARCIA est Président de KLS. Ingénieur informatique diplômé de l'INSA de Lyon, il a commencé son parcours dans les sociétés de service, principalement dans l'Ingénierie industrielle. Il a ensuite créé la société KLS en 1986.

Site Internet de KLS : https://www.kls-group.fr/

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