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Digitalisation de la supply chain

INTERVIEW

‘‘La digitalisation du secteur s’accélère’’ A. NARVOR, TRANSPOREON


Alexia NARVOR, Marketing Manager TransporeonInterview d’Alexia NARVOR, Marketing Manager Transporeon.
Réalisée le 24/10/2017 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Digitalisation de la supply chain ».


Où en est la supply chain vis-à-vis de la digitalisation ?

Il est vrai qu’un secteur comme celui du transport était, il y a encore quelques années, faiblement concerné par la digitalisation. Ce sont par exemple principalement le téléphone et le fax qui servaient de support aux échanges.

  Autres contributions

Jean-Pierre GAUTIER, Directeur des métiers chez ACSEP
‘‘ La digitalisation de la supply chain n'est pas un objectif, mais un moyen ’’

Bruno LACOSTE, Responsable Commercial d’A-SIS
‘‘ Il ne suffit pas de brancher un nouveau système pour que la digitalisation soit effective  ’’

Jérôme BOUR, Directeur de DDS Logistics
‘‘ La digitalisation du transport va se banaliser ’’

Arnaud MARTIN, Directeur Marketing d’AKANEA
‘‘ Le système d’information n’est qu’un support de la digitalisation supply chain ’’

Emmanuelle SCHMITT, Consultante CHRYMELIE
‘‘ La Convergence des Systèmes D’information, juste une simplification des flux ? ’’

Aujourd’hui, la tendance s’est clairement inversée. L’utilisation d’outils informatiques est de plus en plus fréquente et le mouvement semble même s’accélérer depuis le milieu des années 2010.

Nombre de processus sont désormais en cours de digitalisation, des avancées fortes existent dans le domaine de la logistique 4.0.

Dans un futur proche, un sujet comme le développement des véhicules autonomes viendra encore impacter un peu plus la croissance digitale du secteur.


Plus particulièrement sur le transport, quels profits les entreprises peuvent-elles tirer de la digitalisation de leurs opérations ?

Les gains sont principalement de deux types :

  • Une économie de temps

Digitaliser ses opérations, permet en effet d’en accélérer la réalisation.

Prenons l’exemple de la communication avec l’extérieur de l’entreprise (fournisseurs, clients, prestataires, etc.). L’envoi digitalisé des données est quasi instantané, les gains sont particulièrement conséquents par rapport au fax ou au téléphone, surtout quand les informations échangées le sont avec différents acteurs simultanément.

Cette réduction de temps se traduit par un intérêt économique évident. Les équipes peuvent se consacrer à des tâches autrement plus complexes que celles de transmettre des demandes d’enlèvement, de cotations ou d’état d’avancement de la livraison.

  • Une richesse en termes de données

Une organisation en mesure d’utiliser intelligemment les données générées par les opérations de transport va pouvoir accéder à des indicateurs et des reporting lui permettant de mieux appréhender et piloter son activité.

Elle pourra en conséquence plus facilement négocier avec ses prestataires sur la base d'informations réelles remontées digitalement.

Là encore ce bénéfice se traduit logiquement en gain économique puisqu’en évaluant au plus juste la performance de son organisation, il est plus simple d’identifier les risques potentiels, les éventuels dysfonctionnements et in fine leurs causes.

La digitalisation des opérations permet de piloter finement les relations avec ses fournisseurs et ses transporteurs sur la base d’éléments objectifs et non sur un simple ressenti, forcément subjectif.




Pourriez-vous illustrer ce dernier point avec un exemple ?

Tout à fait. Une solution comme « Time slot management for inbound » dédiée à la gestion des créneaux horaires pour les flux d’approvisionnement intègre par exemple le détail des contrats fournisseurs et les quantités livrées. Ainsi, le respect des quotas volumétriques sur lesquels sont basées les conditions tarifaires est suivi finement.

À chaque fois que le fournisseur livre de la marchandise à son client, les quantités réellement transportées sont débitées et le suivi décrémenté.
Cela permet au chargeur de bénéficier d’un état des lieux précis du respect des contrats sur les aspects volume, qualité, délai de réalisation, etc.

L’outil au départ développé à destination de l’industrie agroalimentaire peut désormais être utilisé pour tout type de secteur.


Quelle démarche pourriez-vous préconiser à une entreprise souhaitant digitaliser son transport ?

Si les potentiels de la digitalisation sont conséquents, pouvoir en bénéficier pleinement, impose l’application d’une gestion du changement efficace.

Le principal est de bien préparer le projet en amont et de ne pas se lancer trop rapidement. Il convient en particulier de bien définir la façon dont seront intégrés les acteurs amenés à utiliser ou à communiquer avec le système, qu’ils soient internes ou externes à l’entreprise. Leur adoption de la solution en dépend.

  • Au sein de la société, les personnes qui prennent les décisions au niveau de la mise en place d'outils ne sont pas forcément celles qui les utilisent. Or, sans soutien des équipes, le projet aura de fortes chances d’échouer.

    Pour se prémunir de ce danger, mener des ateliers est un bon moyen de s’assurer que les outils choisis fonctionnent vraiment avec les opérations en place.
    Si l’équipe projet identifie des risques, il conviendra de décider si les processus actuels doivent être adaptés ou au contraire si la solution retenue devra « coller parfaitement » aux opérations existantes.

  • Mais le succès de la mise en place d’une gestion digitalisée des transports requiert également une adoption des outils de la part d’acteurs externes à l’entreprise.
    C’est par exemple le cas pour les plateformes de communication entre d’une part un industriel et d’autre part ses fournisseurs et transporteurs.
    Il convient donc logiquement d’informer les entités impactées à l'avance, de leur en expliquer le fonctionnement et les bénéfices qu’elles pourront en tirer.

    La sélection d’un prestataire capable d'intégrer ces différents acteurs est alors clé. Le donneur d’ordre devra également choisir à qui incombera la formation de ces acteurs externes.

    Plus généralement, pour que l’implémentation soit optimale, il convient que l’ensemble des intervenants de la chaine puisse en retirer des bénéfices.

Vous venez de le souligner, vos systèmes sont également utilisés par les transporteurs de vos clients…

En effet, prenons la solution de gestion des créneaux horaires, qui est la plus utilisée à ce jour par les chargeurs.
Bien souvent dans la distribution ce n'est pas le transporteur qui réserve les plages de livraison du distributeur, mais c’est l’industriel (dont le distributeur est client) qui effectue cette tâche pour le compte de son transporteur.

Avec notre solution, il est toujours possible que l’industriel réserve les créneaux auprès du distributeur, mais l’alternative qui fait plus de sens est que le transporteur ait accès à la plateforme pour retenir lui-même ses créneaux et ainsi intégrer cet élément dans l’optimisation de ses tournées. Le processus est alors accéléré et les bénéfices potentiellement plus importants pour l’ensemble des acteurs.


Combien de temps prend généralement la formation des transporteurs à vos outils ?

Quelques minutes suffisent. La plateforme Transporeon mise à disposition des transporteurs est en effet très simple d’utilisation.

Les formations sont dispensées par nos équipes, elles sont incluses dans notre package. Nous en déchargeons donc le donneur d'ordre.

La prestation est assurée en 25 langues ce qui nous permet de coller parfaitement aux besoins d’un secteur marqué pas la diversité des nationalités des chauffeurs.

Le support est également réalisé par Transporeon, sans coût additionnel. C'est-à-dire que si la personne formée n'a pas tout assimilé lors de la première session ou a besoin qu'on lui réexplique certains accès, elle peut librement se rapprocher de nous afin que nous lui fournissions les précisions nécessaires.


Votre plateforme doit-elle nécessairement être intégrée à l’écosystème informatique de vos clients ?

Notre plateforme peut être utilisée de deux façons :

  • En stand alone : c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'interface entre la plateforme Transporeon et l'ERP du chargeur
  • Interfacée avec l'ERP : l’ordre de transport créé dans l’ERP est récupéré et les opérations sont connectées avec les transporteurs. Les informations notées par le prestataire dans la plateforme prennent en quelque sorte le chemin inverse et sont donc réintégrées dans l'ERP par la suite. De même, le reporting s’effectue dans l'ERP plutôt que de se faire sur la solution directement.

La plupart des industriels qui utilisent nos services commencent en stand alone pour tester la plateforme puis passent ensuite en mode interfacé.

C’est d’ailleurs une des forces de nos outils. Nous permettons en effet le côté collaboratif avec l’écosystème informatique de nos clients.

Nous développons les interfaces en collaboration avec leur service informatique et avons en particulier des liens depuis nombre d’années avec des ERP de référence tels que SAP, Oracle ou JD Edwards.

Le même fonctionnement est applicable pour les transporteurs qui à travers une connexion entre leur outil de gestion et la plateforme Transporeon peuvent réintégrer toutes les données dans leur logiciel interne.


Quelles sont vos grandes différences par rapport aux acteurs qui proposent des plateformes de tracking des livraisons ?

Le tracking par application Smartphone est une de nos offres, mais nous avons un panel beaucoup plus large de produits et de solutions.

Notre cœur de métier concerne en effet les achats de transport avec la gestion des appels d'offres et l'attribution de transport, la gestion des rendez-vous, etc.

Le tracking vient ensuite, une fois que nos clients ont déjà digitalisé tout le reste.

L'autre grand point différenciant tient au fait que Transporeon existe depuis le début des années 2000. Nous ne sommes donc plus une start-up.
Nous sommes un acteur global alors que beaucoup sur le marché sont locaux, ne bénéficient pas d’une présence européenne et encore moins internationale.

Nous avons ainsi développé un réseau qui connecte 65.000 transporteurs à nos clients chargeurs (plus de 1.000 références). Cette disponibilité des transporteurs est un vrai atout. Nos clients n’ont pas à les intégrer puisqu’ils le sont déjà.


Pourriez-vous nous faire un rapide update sur votre collaboration avec l’Université d’Aix-La-Chapelle au sujet de la Logistique 4.0 que vous aviez évoquée plus tôt dans l’année ?

L’étude est terminée. Elle est le fruit d’un travail de recherche de près de 2 ans. Disponible en allemand, elle sera traduite en français dans les prochains mois.

Le benchmark (Logistics 4.0 Maturity Benchmark) est lui toujours utilisable en ligne gratuitement. J’invite d’ailleurs les sociétés qui l'auraient déjà rempli à actualiser leurs données afin de :

  • Vérifier comment leur classement a évolué. L’outil est en effet vivant dans la mesure où il s’agit d’une comparaison entre entreprises. À chaque fois qu’un acteur renseigne ses informations, le degré de digitalisation de chaque organisation ayant rempli le benchmark va être impacté.
  • Actualiser leurs réponses si des éléments ont évolué depuis le début de l’année et ainsi mesurer les effets de la mise en place de nouveaux outils.

Pour aller plus loin


Bio Express :

Alexia NARVOR a une formation généraliste en commerce international et langues étrangères. Après avoir travaillé 6 ans dans le secteur de l'exportation de spiritueux, elle a rejoint Transporeon au début des années 2010 pour gérer la communication de l'entreprise. Elle est désormais en charge du marketing et de la communication du Groupe.

Site Internet de Transporeon : http://www.transporeon.com/fr
Site Internet de Ticontract : http://www.ticontract.com/fr
Site Internet de Mercareon : http://www.mercareon.com/fr


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