Dossiers > Digitalisation de la Supply Chain > Entretien DDS Logistics



Digitalisation de la supply chain

INTERVIEW

‘‘La digitalisation du transport va se banaliser’’ J.BOUR, DDS Logistics


Jérôme BOUR, Directeur de DDS LogisticsInterview de Jérôme BOUR, Directeur de DDS Logistics.
Réalisée le 16/11/2017 par Frédéric LEGRAS, Directeur du Portail FAQ Logistique dans le cadre du dossier thématique « Digitalisation de la supply chain ».


La digitalisation est-elle un vraiment un phénomène nouveau ?

Il est vrai que le terme « digital » peut s’apparenter à un « buzz word ».

  Autres contributions

Jean-Pierre GAUTIER, Directeur des métiers chez ACSEP
‘‘ La digitalisation de la supply chain n'est pas un objectif, mais un moyen ’’

Alexia NARVOR, Marketing Manager Transporeon
‘‘ La digitalisation du secteur s’accélère’’

Bruno LACOSTE, Responsable Commercial d’A-SIS
‘‘ Il ne suffit pas de brancher un nouveau système pour que la digitalisation soit effective  ’’

Arnaud MARTIN, Directeur Marketing d’AKANEA
‘‘ Le système d’information n’est qu’un support de la digitalisation supply chain ’’

Emmanuelle SCHMITT, Consultante CHRYMELIE
‘‘ La Convergence des Systèmes D’information, juste une simplification des flux ? ’’

Une certaine effervescence existe aujourd’hui autour du sujet. L’avantage est que cela permet de mettre en avant l'intérêt de ce type de réflexions.

La digitalisation consiste à dématérialiser un ensemble de process ou d'éléments. Elle est clairement associée au collaboratif.

La principale différence avec ce qui existait jusqu’à présent tient aux révolutions successives apportées par Internet, le e-commerce et le développement des équipements mobiles. Tout cela facilite l’accès à l’information et la mise en œuvre des solutions.

Les possibilités d’innovation qui en découlent sont encouragées. 

L’autre grande évolution vient du fait que la préoccupation remonte désormais au niveau des Directions Générales qui voient dans la digitalisation aussi bien des risques que des opportunités pour leurs business.

Nombre d’organisations envisagent ainsi de se réinventer.


Lors des discussions avec vos prospects, avez-vous en face de vous des personnes dont le poste est orienté vers la digitalisation de l'entreprise ?

Si la fonction de Chief Digital Officer existe clairement en marketing, ce n’est pas encore le cas en supply chain.

Nos interlocuteurs habituels sont donc plutôt des gens du métier, de l’informatique et de plus en plus également des personnes en charge de l’innovation.

La digitalisation est en effet un moyen qui vient en support des démarches de transformation des entreprises.




DDS Logistics est spécialisée dans l’édition de solutions transport. Néanmoins, les projets sur lesquels vous intervenez s'inscrivent-ils dans des projets plus larges de digitalisation des entreprises ?

C’est en effet quelque chose que l’on commence à voir.

Il y a 5 ans, le transport était encore considéré comme un mal nécessaire. La plupart des directions marketing s’en préoccupent désormais dans la mesure où il s’inscrit dans le vaste chantier de l'expérience client.

C'est un changement d'optique assez majeur.

Il est dorénavant considéré comme étant une des vitrines de l'entreprise. Aussi bien dans le B to C que désormais dans le B to B.

C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité positionner notre solution collaborative Join2Ship autour de l’expérience client dans le B to B.


Quels grands profits les chargeurs peuvent-ils tirer de la digitalisation de leurs opérations de transport ?

Il y a aujourd'hui deux enjeux importants : la maîtrise des relations fournisseur et client et la transformation des process.

  • La maîtrise des relations fournisseur et client

On le constate à travers Join2Ship, au-delà de l’expérience client, les entreprises se préoccupent également d'embarquer tout un écosystème de fournisseurs.
C’est désormais possible grâce à la digitalisation alors qu'auparavant avec l'EDI, les systèmes étaient réservés aux plus gros acteurs. Les plus petits continuant d’opérer en manuel.
La qualité des relations interentreprises s’en voit ainsi améliorée.

En outre, les chargeurs sont désormais devant un nouveau défi, celui de fidéliser leurs transporteurs. En effet, la situation a drastiquement évolué ces derniers mois. La pénurie de chauffeurs et de moyens est de plus en plus forte.

  • La transformation des process

Il s’agit de faciliter, de connecter directement les différentes entités de manière à accélérer les échanges et à améliorer l’agilité et la productivité des opérations.


Quels sont les pièges auxquels une entreprise souhaitant digitaliser sa supply chain pourrait avoir à faire face ?

Le premier enjeu est celui de la gestion du changement.

Quand on parle de digitalisation, on pense immédiatement à la technologie, c’est un piège.

Pour qu’un projet donne sa pleine mesure, il convient de s’assurer que les différentes parties prenantes jouent le jeu. Or, le sujet peut faire peur, d’autant plus que la digitalisation a de forts impacts sur les process. Elle peut donc être vue par certains comme un risque de disparition de tâches auparavant réalisées par les opérateurs.

Le premier écueil est ainsi de sous-estimer la résistance au changement.

La difficulté complémentaire est que sur ce type de réflexions, on touche à des écosystèmes plus larges que sa propre organisation.

C’est pourquoi il est donc nécessaire de démontrer à l’ensemble des acteurs l’intérêt objectif qu’ils ont à collaborer et les potentiels de gains qui en découlent pour chacun d’entre eux.

Le deuxième enjeu est plus technique. Il porte sur l'intégration des outils de digitalisation avec le reste de l'organisation et des systèmes qu’ils soient internes ou externes à l’entreprise.

Au niveau interne, toute société d'une certaine taille a une colonne vertébrale d'information qui repose sur son ERP. Les démarches de digitalisation n’ont donc de sens que si l'ERP y est intégré.

Au niveau externe, les différentes plateformes digitales utilisées doivent pouvoir s’interconnecter entre elles et avec le patrimoine informatique de chaque entreprise.


Quel conseil pourriez-vous adresser à une organisation en réflexion sur le sujet ?

Le facteur nouveauté est important. Il ne faut pas avoir peur de la page blanche. Je pense que le mieux est d’expérimenter. Sur les projets de digitalisation, il y a de fortes chances que l’entreprise constate des bénéfices qu’elle n’aurait pas pu envisager au départ.

L'adoption de démarches de type Agile prend tout son sens. Elles permettent en effet de tester rapidement et d’ajuster si nécessaire au fur et à mesure.


Vous évoquiez Join2Ship en début d’entretien. Après une phase de tests avec des ambassadeurs, vous venez de dévoiler officiellement la solution.  Pourriez-vous nous présenter les objectifs de cette plateforme collaborative ?

L'idée de Join2Ship est de digitaliser la relation entre les expéditeurs d’une part et leurs transporteurs et clients d’autre part.

La plateforme est conçue dans une optique de mutualisation et donc de gestion de la globalité des interactions depuis la prise de rendez-vous jusqu’à la traçabilité en temps réel en passant par les échanges autour de l'ordre de transport en lui-même.
Le tout dans un schéma de réseau social d’entreprises pour une connexion de l’ensemble des partenaires facilitée. Il est ainsi possible d’inviter les membres de son réseau à se connecter à son profil et de commencer à gérer ses relations de transport à travers la plateforme. C’est un élément différenciant.

L’objectif est de combler un vide, très peu de PME s’appuyant aujourd’hui sur un TMS.

Join2Ship a été conçue pour être complètement utilisable dès le début sur mobile.
L’information est ainsi accessible en permanence. C’est une grande évolution pour un coût marginal quasi nul.

La plateforme a donc été testée avec des ambassadeurs pendant plusieurs mois. Ceux-ci ont pu embarquer leurs clients, leurs transporteurs, leurs fournisseurs, etc.
Elle est désormais complètement opérationnelle, ouverte à tous et disponible en huit langues ( Français, Anglais, Italien, Espagnol, Allemand, Roumain, Polonais et Néerlandais)
L’inscription se fait en ligne et une phase de test gratuite est proposée. Cette facilité de mise en place constitue un atout important.


Si l’inscription est en ligne, cela signifie-t-il qu’il n’y a pas de contact direct avec le service commercial de DDS Logistics ?

Dans la mesure où il s’agit d’accompagner des relations de travail, il est de notre devoir de vérifier l’identité des personnes inscrites et que nous ne sommes pas confrontés à un cas d’usurpation d’identité.
Il y a donc logiquement une phase de certification durant laquelle nous nous assurons que les nouveaux membres sont bien ceux qu'ils prétendent être.


Qu’est-ce qui différencie votre offre des solutions de traçabilité des expéditions récemment apparues sur le marché ?

D’abord, contrairement à certains de nos confrères, nous ne sommes pas sur un modèle Uber.

Ensuite, pour nous, la traçabilité n’est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen. Ce qui compte n'est pas de connaitre la position du camion qui va me livrer, mais plutôt s'il va être en retard, si l’ETA (Expected Time of Arrival) est bien confirmé, etc. Bref, de savoir que faire de cette information. C'est-à-dire, comment je vais organiser correctement l'enlèvement ou la réception à travers la gestion des plannings de rendez-vous.

Nos solutions permettent ainsi aux transporteurs de prendre rendez-vous avec les sites des clients sans que cela coûte quoi que ce soit à ces derniers.

Nous nous inscrivons finalement dans un process beaucoup plus large qui intègre notre expérience du TMS.

Enfin, en termes de marchés adressés, Join2Ship n’est pas destinée aux seuls grands comptes, mais à l’ensemble des acteurs, quelles que soient leurs tailles même aux plus petites entreprises. C’est pourquoi une partie de la solution est gratuite. Notre objectif est que notre solution soit disponible pour l’ensemble du marché. À ce titre, l’aspect réseau social est un vrai plus.

Nous pensons en effet que la digitalisation du transport va se banaliser. C’est la raison pour laquelle nous avons construit une plateforme visant dès le début à intégrer des acteurs faiblement équipés en informatique. Dans un futur proche, on peut même envisager qu’elle puisse se connecter à Excel.


Pour aller plus loin


Bio Express :

Jérôme BOUR a pris la Direction de DDS Logistics en 2000, leader du TMS. Il a auparavant occupé les postes de Directeur Informatique du Groupe DAHER, de Responsable de l’organisation et des systèmes opérationnels chez DHL et de Consultant chez Ernst & Young.

Site Internet de DDS Logistics : www.ddslogistics.com


Contactez notre équipe